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La Ligue arabe cherche-t-elle à légitimer une intervention militaire étrangère en Syrie ? Attribution d'un siège à la coalition de l'opposition nationale
En invitant hier le chef de la coalition nationale syrienne, Ahmad Moaz Al-Khatib, et le Premier ministre intérimaire Ghassan Hitto à siéger aux côtés des chefs d'Etat et de gouvernement arabes à l'occasion du 24e sommet des chefs d'Etat arabes, la Ligue arabe crée un précédent dans les annales de l'organisation. Beaucoup d'observateurs s'interrogent sur cette décision qui, diplomatiquement, délégitime désormais le régime syrien de Bachar El Assad. Cherche-t-on désormais à offrir les «conditions légales» à «une intervention militaire étrangère» ? L'appel lancé hier par Moaz Al-Khatib «aux Etats-Unis d'Amérique de protéger la zone nord de Syrie avec des missiles sol-air Patriot» ne souffre d'aucune ambiguïté. Le chef démissionnaire de la coalition nationale syrienne, Ahmad Moaz Al-Khatib, est quasiment catégorique quant à l'issue de la crise syrienne. Ce responsable politique réclame l'intervention des «Etats-Unis d'Amérique à s'impliquer davantage pour mettre fin au conflit à travers ses moyens militaires». «J'ai demandé au secrétaire d'Etat John Kerry une protection contre les avions et missiles de l'armée syrienne, armes dont ne disposent pas les rebelles. Nous attendons toujours une décision de l'Otan pour protéger des gens, pas pour combattre mais pour protéger des vies», a-t-il indiqué lors de son intervention au sommet des chefs d'Etat arabes tenu hier à Doha. Notons que la délégation de l'opposition syrienne conduite par Al-Khatib a occupé le siège de la Syrie à la Ligue arabe où l'emblème syrien a été remplacé par le drapeau de l'opposition, ce qui constitue une première dans l'histoire de l'Organisation panarabe. Au nom du CNS, M. Al-Khatib a réclamé aussi «le siège de la Syrie à l'ONU, après avoir obtenu celui de la Ligue arabe». Il a également exhorté «les pays arabes à apporter au peuple syrien leur soutien sous toutes ses formes», soulignant «son droit absolu à l'autodéfense». Moaz Al-Khatib a assuré que «le peuple syrien déciderait seul de son avenir, sans ingérence étrangère». Ces déclarations marquent un autre tournant dans le conflit syrien. Les Etats-Unis et les pays arabes vont-ils intervenir militairement en Syrie ? Quel sera l'avenir de la mission du représentant de l'ONU, Lakhdar Brahimi, et du plan de Genève ? Comment vont réagir les pays comme la Russie, l'Iran, la Chine, le Liban, l'Irak… et tous ces pays qui entretiennent encore des relations avec l'actuel régime syrien ? Ce sont autant de questions qui demeurent sans réponse pour le moment ? Jusqu'à hier, des voix plaidaient encore pour le règlement pacifique et politique de la crise syrienne. L'Irak a réclamé par la voix de son vice-président Khodeir Moussa al-Khouzaï «le règlement politique de la crise en Syrie». Il a déclaré, lors de l'ouverture du 24e sommet de la Ligue arabe à Doha, que «l'Irak souligne la nécessité de régler la crise syrienne par la voie pacifique et s'oppose fermement à toute tentative d'intervention militaire étrangère». Khodeir Moussa al-Khouzaï a en outre exprimé «son soutien total à la mission de l'émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi». Pour certains observateurs, la décision de la Ligue arabe d'attribuer le siège de la Syrie aux représentants de l'opposition syrienne signifierait «la légalisation des livraisons d'armes aux rebelles, y compris à l'organisation du Front Al-Nosra». En d'autres termes, la Ligue arabe tente de peser sur le cours des évènements après plus de deux ans de l'éclatement de la crise syrienne.