Pyongyang, qui a déjà coupé son téléphone « rouge » avec Séoul, passera-t-elle à l'acte ? Les Etats-Unis laissent entendre, par la voix de Chuck Hagel, le secrétaire à la Défense, qu'ils sont « prêts à faire face à toute éventualité ». « Les Nord-Coréens doivent comprendre que ce qu'ils font est très dangereux. Nous devons dire clairement que nous prenons très au sérieux les provocations de la Corée du Nord et que nous y répondrons », prévient le patron du Pentagone. Pour la majorité des experts, la Corée du Nord n'a pas la technologie qui pourrait lui permettre de tirer des missiles sur des cibles lointaines. Séoul, qui n'exclut pas un « tir » par erreur, est d'un autre avis. « Comme il y a un état d'alerte en vigueur sur les unités de missile du Nord depuis le 26 février, il est possible qu'ils passent à l'acte », estime l'agence sud-coréenne Yonhap qui atteste avoir constaté « une nette hausse » des mouvements de véhicules et de personnes sur les sites nord-coréens de lancement de missiles de « longue et moyenne portée ». Une certitude : la crise entre les deux pays a franchi un nouveau palier depuis le survol de la péninsule, sous haute tension, par deux B-2, des avions furtifs conçus pour emporter jusqu'à 18 tonnes d'armement conventionnel ou nucléaire, dont 16 bombes de 900 kilos guidées par satellite et mener des missions spéciales à haute altitude (jusqu'à 15.000 m) derrière les lignes adverses. Pour Kim Jong-un, ces vols « montrent que les Américains veulent déclencher à tout prix une guerre nucléaire ». D'où son « ordre » aux forces nord-coréennes de « frapper sans pitié le continent américain (...), les bases militaires du Pacifique, y compris Hawaï et Guam, et celles qui se trouvent en Corée du Sud » en cas de provocation « téméraire » des Américains, rapporte l'agence officielle KCNA. Pour le leader coréen, « le temps de régler les comptes avec les impérialistes américains est venu ». Comme pour montrer qu'il ne « bluffe » pas, la presse nord-coréenne a « montré », hier, deux photos pas ordinaires. L'une montrant la réunion d'urgence convoquée tard dans la soirée de jeudi par Kim Jong-un, l'autre le « Plan de frappes des forces stratégiques sur le continent américain ». La Chine et la Russie mettent en garde. Les deux grandes puissances de la région appellent les deux parties à « faire baisser la température » et mettent en garde Kim Jong-un. Elles mettent en garde aussi contre les risques liés à une intensification des activités militaires près de la Corée du Nord. Moscou et Pékin déplorent que « parallèlement à la réaction adéquate et collective du Conseil de sécurité, une action unilatérale soit menée autour de la Corée du Nord qui a pour effet d'accroître l'activité militaire ». « La situation pourrait échapper à tout contrôle à tout moment », prévient Serguei Lavrov.