Le scénario du pire, froidement conçu et exécuté par la nébuleuse écumant le Sahel, a eu lieu. La fin tragique de l'otage français, Maurice Germaneau, enlevé en avril au Niger et transféré au Mali, confirme si besoin est la nature barbare de la multinationale du crime organisé et son caractère transfrontalier. Une thèse algérienne, née de la douloureuse expérience de la lutte contre le terrorisme international et pleinement confirmée par les effets boomerangs du 11/09 et des attentats de Londres et de Madrid. Le temps des sanctuaires occidentaux et des alliances contre-nature est donc révolu. Bien loin des décennies de complaisance et de légitimation politico-idéologique de la terreur à visage religieux, inscrites dans le registre macabre du «djihad afghan» des laboratoires américains et des apôtres socialistes du «qui tue qui» de triste réputation, la vérité historique impose son verdict dans la manifestation sanglante de la fantomatique El Qaïda, mutant en filière maghrébine en transhumance au Sahel de tous les périls. Les enjeux stratégiques de l'empire en gestation, travaillant à la refondation du GMO chaotique et sa cristallisation dans la région sahélienne, renseignent sur le désordre du nouvel ordre mondial. Au Sahel de la menace terroriste, l'annonce par le chef de l'Aqmi, Abou Moussab Abdel Wadoud, de la mort de l'otage français a sonné le réveil des consciences et la fin de l'amnésie coupable de tant d'indifférence. La France république se réveille brutalement pour donner l'assaut contre les auteurs de «l'acte barbare» commis de sang-froid contre un vieillard privé d'assistance médicale élémentaire. Sous le choc, l'Elysée qui a déclaré sa volonté de na pas laisser le crime impuni, décrète la mobilisation générale. Le président français Nicolas Sarkozy a, d'abord, réuni un «conseil restreint de défense et de sécurité» auquel ont assisté le Premier ministre François Fillon, les ministres des Affaires étrangères Bernard Kouchner et de l'Intérieur Brice Hortefeux, aux côtés des responsables des services de renseignements, le directeur général de la sécurité extérieure (DGSE) Erard Corbin de Mangoux et le directeur central du renseignement intérieur (DCRI) Bernard Squarcini. Le ministre de la Défense Hervé Morin, en déplacement à l'étranger, est représenté par son directeur de cabinet. Le chef d'état-major des armées Edouard Guillaud et le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant ont également pris place autour de la table, a indiqué la présidence. Ensuite, le déplacement de Kouchner au Mali, au Niger et en Mauritanie, affiche une volonté de définir une réponse concertée. Le défi terroriste au Sahel, opposé à toute forme de dialogue ou de compromis dûment relevé dans l'issue dramatique de l'otage français, est aux antipodes des solutions conjoncturelles et partielles de nature à favoriser le recours au chantage financier préjudiciable à la sécurité et à la stabilité des peuples de la région. En même temps, l'échec lamentable de l'opération militaire franco-mauritanienne érige au rang des priorités la riposte collective à la menace collective.