« Les minoteries doivent incessamment se mettre à la production de la farine brune correspondant aux valeurs 0,65 et 0,85 pour la confection du pain et ce, conformément aux normes », a affirmé, hier, M. Tahar Boulanouar, porte parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Selon lui, les boulangers utilisent actuellement la 0,55 (farine blanche) qui est destinée à la production de gâteaux et de confiseries. « Ce qui est contraire aux normes », a-t-il regretté. Les raisons ? La majorité des boulangers utilisent cette farine blanche pour récupérer les « pertes ». « Les restes sont ainsi récupérés et vendus aux éleveurs de bétail, a-t-il expliqué, contrairement à la farine brune qui est économique et a une valeur nutritive plus élevée que la blanche », a-t-il ajouté. Les chiffres avancés par M. Boulanouar font état de 30% de farine subventionnée par l'Etat pour la production du pain mais qui est détournée pour la fabrication de pâtisseries et de viennoiseries, soit un total de 4.000 tonnes de farine par jour sont utilisées dans la fabrication de biscuits secs et autres gâteaux, pour une marge bénéficiaire beaucoup plus élevée. « Cela est grave pour l'économie nationale notamment pour la santé des consommateurs », a-t-il prévenu. Raison pour laquelle, M. Boulanouar a indiqué que son institution, qui tient des rencontres avec la tutelle (ministère du Commerce), a saisi l'occasion pour évoquer les décrets exécutifs de 1991 et 1996, relatifs à l'organisation de l'activité des boulangers. « La tutelle a approuvé la révision de ces deux décrets pour améliorer l'organisation ainsi que la gestion des boulangeries conformément aux nouvelles tendances », a souligné notre interlocuteur. Selon lui, l'UGCAA a appelé, dans ce sens, à la suppression des boulangeries « industrielles ». « Nous sommes pour le retour du four traditionnel », dira-t-il. La boulangerie industrielle diminue les postes d'emploi et le pain industriel est composé de produits chimiques et d'améliorants néfastes pour la santé des consommateurs. Quant à la politique actuelle de subvention, M. Boulanouar a recommandé de prendre en charge les couches sociales défavorisées par l'octroi d'enveloppes financières directes leur permettant d'avoir accès aux produits alimentaires de base. « Cette initiative permettrait de barrer la route à ceux qui détournent les produits subventionnés par l'Etat. Ainsi, le citoyen sera l'unique bénéficiaire ».