Contrairement à la congestion qui marque habituellement le tronçon reliant Bab El Oued à Chevalley, la circulation était, hier, fluide, surtout au niveau de Frais-Vallon. Les véhicules ont déserté ce trajet. Seuls les agents d'entretien d'Asrout se trouvaient sur les lieux pour le nettoiement des avaloirs, bouchés suite aux pluies diluviennes du mardi. « On est mobilisé depuis 8 heures du matin pour finaliser l'opération. Une équipe avait travaillé la nuit, ici et au niveau de plusieurs quartiers », fait savoir le chef d'équipe, en charge de cette opération qui s'est étendue jusqu'à la trémie de Chevalley. Un chauffeur de bus, de la station de Bouzaréah, assurant la ligne Bouzaréah /Bab El Oued, a déclaré que plusieurs citoyens ont refusé de se rendre à Bab El Oued suite aux inondations dans la soirée du mardi. « Au niveau de Frais-Vallon, j'ai vu des gens quitter leurs véhicules pour échapper à la crue », raconte-t-il. Une vieille dame, qui devait se rendre chez sa sœur à Bab El Oued, a eu la peur de sa vie. « J'ai cru revivre les inondations de Bab El Oued. En suivant les informations, j'ai revécu le drame et j'ai même pleuré mais, Hamdoulilah, il n'y avait pas eu de pertes humaines », confie-t-elle. Une enseignante, rencontrée à Hai Annasr, toujours à Bab El Oued, a noté que « beaucoup d'entre nous ont passé une nuit blanche. Les gens de Bab El Oued sont encore traumatisés par les inondations de 2001 ». Au niveau de la mosquée Ennasr, les jeunes du quartier, en coordination avec les agents de l'APC, poursuivent le nettoiement des lieux. « On a lancé l'opération avant la prière d'El Ichaa. On a eu des difficultés à cause de la boue », explique un agent de l'APC. Les grandes ruelles de Bab El Oued sont passées à la « douche ». Une vaste opération de nettoiement a été lancée dès les premières heures de la matinée. Les habitants eux, accusent les responsables locaux de ne pas avoir procédé au nettoiement des avaloirs, alors qu'il y avait un bulletin météo spécial. Les interventions sous l'œil du DGPC Dans la nuit du mardi à mercredi, plusieurs quartiers d'Alger, à l'image de Bab El Oued, Bouzaréah, Béni Messous, Zéralda et de la côte ont enregistré de fortes crues. Les pompiers de la wilaya d'Alger ont effectué plus de 128 interventions. En effet, 1.000 éléments ont été mobilisés par la Direction de la Protection civile de la wilaya d'Alger, appuyés par un renfort de 200 autres éléments de l'Unité nationale d'intervention et d'instruction de Dar El Beida, sur instruction du directeur général de la Protection civile, le colonel Mustapha Lehbiri. Le DGPC a effectué, dans la nuit du Mardi, un déplacement de reconnaissance des points sensibles de la capitale « qui avaient un caractère spécial », explique le responsable de la communication auprès de la DPC d'Alger, le lieutenant Sofiane Bekhti, qui indique que la plupart des interventions nécessitaient beaucoup de moyens et beaucoup de temps, à l'exemple du débordement d'Oued El Hamiz à l'est de la capitale. La plus importante intervention est celle effectuée à Béni Messous suite à l'effondrement d'un mur à la cité Ain Afrane, causant le décès du jeune Mohamed B. âgé de 28 ans, et des blessures à deux autres. Abdelkader Rachid, un jeune du quartier raconte le drame : « il était 20h quand on a entendu l'effondrement du mur. Dépêchés sur place, on a retrouvé la victime sous les décombres. C'est un mur de béton qui s'est effondré également sur deux autres personnes. C'est l'explosion d'un avaloir qui a causé cet effondrement et des inondations dans nos habitations. Les crues ont emporté une dizaines de véhicules », raconte-t-il. L'oncle du jeune blessé a affirmé que des voisins ont réussi à sauver des personnes emportées par les eaux. « On était livré à nous-mêmes. On a contacté le P/APC en vain. Aucun responsable n'est venu s'enquérir de notre situation. Notre quartier est sinistré. », lance ce père de famille en colère. Hier, plusieurs bureaux de l'APC ont été saccagés par des jeunes en colère. Par ailleurs, un deuxième décès a été enregistré, hier en fin d'après-midi, dans la wilaya de Boumerdès. Il s'agit d'une personne emportée par les eaux en crue de l'Oued Fejdane dans la commune d'Asir, daira de Dellys. Au total, les unités de la Protection civile ont effectué 65 opérations de puisement des eaux pluviales au niveau des habitations, des édifices publiques et des oueds dans les communes d'El Merdja, Bir Mourad Rais, Sidi M'hamed, Birtouta, Hydra, Birkhadem, Bab el Oued, Draria, Chéraga et Baraki. Les mêmes services ont également enregistré l'effondrement de baraques du bidonville de la cité Sahel, causant des blessures à une personne âgée de 49 ans. Les habitants, qui se sont déplacées, hier au siège de l'APC, se disent « sinistrés » en l'absence d'une prise en charge. Les pluies ont provoqué également l'effondrement partiel d'un faux plafond d'une habitation à Hussein Dey et d'une bâtisse à Rais Hamidou, causant des blessures à une femme et deux enfants. 4.000 pompiers pour faire face à la situation La Direction générale de la Protection civile a mobilisé 4.000 agents qui ont effectué des opérations de puisement des eaux pluviales ainsi que des opérations de sauvetage de personnes en détresse ou cernées par les eaux pluviales, suite aux débordement des oueds ainsi que pour le dégagement de véhicules bloqués, notamment au niveau des wilayas d'Alger, Tizi-Ouzou, Blida, Tipasa, Ain Témouchent, Boumerdés et Jijel, a indiqué le chargé de communication de la Direction générale de la Protection civile, le sous-lieutenant Nassim Bernaoui.