La Tunisie, qui a ouvert, il y a deux ans, une page de son histoire en déclenchant un « printemps arabe » qui a bouleversé, depuis, toute la région, fait parler d'elle à nouveau : le gouvernement, qui a promis de mettre fin aux Ligues de protection de la révolution (LPR) car, impliquées dans des actes de violence et des manifestations sans autorisation, revoit sa décision. Imed Deghij et Mohamed Amine Agrebi dit « Recoba », les deux responsables des LPR qui ont été arrêtés, samedi à Carthage, en marge d'un sit-in inopiné pour réclamer l'accélération de la mise en œuvre de la loi sur l'exclusion des anciens membres du RCD, et l'annulation de la loi anti-terroriste, ont été libérés, hier. Les neuf « frères », qui étaient avec eux, aussi. Non satisfait de cette libération, le bras armé d'Ennahdha, le parti majoritaire au pouvoir, invite les Tunisiens à une manifestation, le 1er juin dans la capitale, pour « dire à tous les partis politiques que s'ils sont là, c'est grâce à nous, les islamistes ». « Il est impossible de livrer la Tunisie, de nouveau, à la dictature (...) au retour de la répression, de la corruption », déclarent les leaders de ces nébuleuses qui se sont autoproclamées garantes de la mise en œuvre des revendications de la révolution de janvier 2011. L'opposition lui dénie tout rôle positif. Elle lui reproche le recours aux méthodes brutales pour intimider ses détracteurs. Comme en octobre 2012, à Tataouine (sud), lorsque ses militants ont lynché Lotfi Naguedh, le représentant de Nidaa Tounès, et saccagé le siège de l'Union générale tunisienne du travail, ou encore, deux mois plus tard, quand des manifestants, agissant sous sa bannière, ont attaqué une réunion de Nidaa Tounès à Djerba (sud). Elle réclame, depuis des mois, l'interdiction de cette mouvance. Ennahdha et le Congrès pour la république, le parti du président Moncef Marzouki, s'y refusent. Ils estiment que ces groupes sont des représentants légitimes du mouvement qui a renversé le régime de Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011. La décision des autorités », qui a eu l'effet d'une douche froide sur les services de sécurité, et donné la conviction aux deux LPR (istes) qu'ils sont « intouchables », rend difficile, voire dangereux, selon plusieurs analystes, le travail de la police.