La police tunisienne a arrêté samedi deux figures de Ligue de protection de la révolution (LPR), a annoncé cette milice aux méthodes brutales accusée par l'opposition d'être proche du parti islamiste au pouvoir Ennahda. Les deux hommes, Imed Deghij, dirigeant de la LPR du Kram (banlieue de Tunis) et Mohamed Amine Agrebi, figure la plus célèbre des LPR plus connu sous le nom de "Recoba", ont été arrêtés près de Tunis après la dispersion par la police d'un rassemblement qui n'avait pas reçu l'aval des autorités, relate la page officielle Facebook du mouvement. Le ministère de l'Intérieur était injoignable samedi soir pour commenter ces informations. Une large partie de l'opposition et certains alliés du parti islamiste au pouvoir Ennahda accusent la LPR d'user de méthodes brutales pour intimider ses détracteurs et réclament depuis des mois l'interdiction de cette mouvance. Ennahda et le parti du président Moncef Marzouki, le Congrès pour la république (CPR), s'y refusent et estiment que ces groupes sont des représentants légitimes du mouvement qui a renversé le régime de Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011. La LPR est accusée de plusieurs attaques retentissantes, comme le lynchage en octobre 2012 de Lotfi Naguedh, représentant de Nidaa Tounès (opposition) à Tataouine (sud) et l'attaque début décembre du siège du principal syndicat, l'Union générale tunisienne du travail (UGTT). Le 22 décembre, des manifestants agissant sous sa bannière ont assiégé puis attaqué une réunion de Nidaa Tounès à Djerba (sud), forçant le parti à annuler son meeting. La LPR du Kram, dont le dirigeant a été arrêté samedi, est pour sa part accusée par l'Association tunisienne de soutien aux minorités d'avoir saccagé ses bureaux en janvier. L'opposition a longtemps accusé le gouvernement de se montrer trop laxiste à l'égard de groupes comme la LPR ou la mouvance salafiste jihadiste. Le ministère de l'Intérieur, dirigé depuis mars par un indépendant Lotfi ben Jeddou, a prévenu en mai que toute manifestation organisée sans l'aval des autorités serait dispersée et ses organisateurs poursuivis. Le 19 mai, l'interdiction d'un rassemblement de salafistes jihadistes a déclenché de violents heurts qui ont fait un mort et une vingtaine de blessés.