Les partis politiques tunisiens se déclarent la guerre. Ennahda, notamment, est accusée de tous les maux qui gangrènent la vie politique et sociale tunisienne. La mort de Lotfi Naguedh, coordinateur du parti d'opposition Nidaa Tounès à Tataouine, a provoqué un tollé. Vendredi soir, le président tunisien Moncef Marzouki a dénoncé, lors d'une interview télévisée à la chaîne Nessma un “lynchage", au lendemain de la mort dans des violences d'un opposant, alors que le chef d'un parti d'opposition a qualifié le crime de “premier assassinat politique depuis la révolution de 2011". “C'est un Tunisien qui a été piétiné, comment une telle opération de lynchage est-elle possible en Tunisie?", a martelé M. Marzouki évoquant une “atrocité absolue, inacceptable" qui met à mal “la cohésion nationale". Le président Marzouki était jusqu'à vendredi soir le premier responsable à reconnaître que le coordinateur du parti d'opposition Nidaa Tounès à Tataouine, Lotfi Naguedh, a bien été tué dans des affrontements après une manifestation qui a dégénéré et non d'une crise cardiaque comme l'affirme le ministère de l'Intérieur. M. Béji Caïd Essebsi, l'ex-Premier ministre tunisien et chef de file du nouveau parti Nidaa Tounès, avait auparavant dénoncé le “premier assassinat politique depuis la révolution". Il n'a pas manqué d'attribuer cet assassinat aux islamistes au pouvoir, Ennahda, et son allié de centre-gauche, le Congrès pour la République (CPR) de M. Marzouki, d'être responsables de la manifestation. Lors d'une conférence de presse à Tunis, Caïd Essebsi a évoqué “un lynchage", montrant une vidéo où l'on voit une personne présentée comme la victime traînée au sol et frappée par une foule. Les islamistes d'Ennahda ont vite réagi à travers un communiqué diffusé jeudi soir dans lequel ils accusent les partisans de Nidaa Tounès d'avoir provoqué les violences en jetant des cocktails Molotov sur les manifestants. M. Marzouki a appelé tous les partis du pays à faire “leur introspection" pour éviter de nouvelles violences, alors que les forces politiques échangent des accusations virulentes. M. Essebsi, deuxième Premier ministre de transition après la révolution de 2011, a fondé ce parti cet été et connaît, selon des sondages, une popularité croissante. Les journalistes présents, hier matin, à la séance plénière de l'Assemblée nationale constituante de ce samedi 20 octobre se sont retirés en protestation contre les déclarations de la députée d'Ennahdha Hlima El Guonni qui a critiqué sévèrement les médias considérés comme non-neutres. Elle n'a pas manqué de souligner que les médias ont contribué à la propagation de la discorde. Selon Hlima El Guonni, les médias étaient au service de l'ancien régime et sont devenus des acteurs clés au service de l'opposition après la Révolution. Les journalistes ont refusé les excuses présentées par Sahbi Atig, président du bloc parlementaire d'Ennahdha et exigent des excuses de la députée. I. O.