Durant trois journées, (29 au 31 mai 2013), s'est tenue à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou la première rencontre autour de la chanson kabyle sous le thème : « L'Algérie dans le cœur des jeunes » parrainée par Kamel Hamadi. Une première rencontre qui a vu la participation de quatre groupes et deux chanteurs individuels qui ont exécuté leurs propres compositions sur l'Algérie (histoire et culture) tel était d'ailleurs le principe de cette rencontre et sur lequel avait insisté le jury composé de Salem Kerrouche, musicien, Rabah Ouferhath, chanteur, Rahmane Mourad, poète et Itim Ali, inspecteur de musique. Après délibérations, le jury a décidé de récompenser le jeune chanteur qui a fait toutes ses classes à la maison de la culture Mouloud-Mammeri, Abela Amirouche, en lui octroyant le premier prix de 100.000 DA pour sa chanson « Amika Tayriw Thlough ». Alors que le second prix (80.000 DA) est revenu au jeune Ferhat Takfarinas pour sa chanson intitulée « Dzair Thamurthiw » et le troisième (60.000 DA) a été remis au groupe Numidia. Quant au prix spécial du jury, il a été décerné au groupe Be My Valentine d'une dotation de 40.000 DA. Cette manifestation a été aussi l'occasion pour Kamel Hamadi, de son vrai nom Larbi Zeggane, de revenir dans sa conférence sur ses débuts, son parcours dans la chanson et l'état actuel de la chanson algérienne de manière générale et kabyle en particulier. Ainsi, après un tour d'horizon de sa carrière fait d'anecdotes, le parrain de cette manifestation dit : « Les jeunes chanteurs sont un gage pour la chanson algérienne » tant pour lui ces jeunes « sont capables d'apporter beaucoup à la musique et la chanson kabyle ». Et d'insister sur le fait que les anciens et même les responsables ne doivent pas les sous-estimer mais au contraire leur faire confiance car « ils ont étudié la musique et savent ce qu'ils font » dira-t-il, non sans ajouter : « Ils ont largement les yeux ouverts et une bonne connaissance du domaine, pour pouvoir utiliser les accessoires et les arrangements et travailler n'importe quelle musique ou chanson kabyle ou autre ». Mieux, il fera même un parallèle entre les générations ancienne et nouvelle. « Les jeunes donnent de la valeur au chant kabyle en mettant en avant les airs locaux, ceux tirés du terroir en leur donner de nouvelles sonorités tout en restant dans la source. Alors que nous autres, nous étions, par contre, influencés par d'autres airs, notamment orientaux ». Toutefois, il ne manquera pas de recentrer les débats sur cette jeune génération en faisant remarquer que « nos jeunes possèdent de belles voix, ils chantent juste, mais ce qu'ils chantent n'est pas forcément ce qu'ils doivent chanter » en remettant en cause les paroles de certaines chansons. Enfin, revenant sur son éclipse de la scène artistique, Kamel Hamadi fera part des difficultés rencontrées par les artistes, notamment en matière de passage à la télévision « un champ qui semble hermétique aux chanteurs ». De son côté, le Dr Mouloud Ounoughène ne manquera pas de revenir sur les influences subies par la musique kabyle. « On est avide de nouvelles combinaisons sonores. On zappe perpétuellement à la recherche de nouvelle esthétique parfois aux dépens des chants folkloriques et traditionnels qui souvent sont contaminés par les artifices corrupteurs de l'électronique. » Et pour lui la percée sur la scène internationale des chanteurs comme Idir, Takfarinas et Djamal Allam a fait qu'on « assiste à une émulation de la part des jeunes qui, parfois, assimilent mal les métissages ». Par métissage, le conférencier entend « une symbiose musicale, un troc d'esthétique qu'engendrent deux ou plusieurs traditions musicales ». Comme il mettra aussi en exergue les chanteurs Kabyles qui se situent dans la vague folk ou folk rock imprégnés par les Bob Dylan, Neil Yopung et John Baez ou encore Graeme Allwright comme Ali Amrane, Akli D. « où l'harmonie électrique des guitares, la ligne basse et la richesse de l'improvisation en font un amalgame musical intéressant ». Toutefois, il insistera sur l'utilisation de l'originalité, l'acoustique, l'esthétique et surtout la création « pour éviter de tomber dans le formatage stérile et insipide ». Enfin, le parrain de cette première rencontre, en l'occurrence, M. Hamadi, a insisté pour que la manifestation dure dans le temps et qu'elle soit aussi institutionnalisée « à l'effet de permettre à tous les jeunes et moins jeunes de donner une pleine mesure à leur talent et mettre au grand jour leurs propres productions ».