La guest-star du festival national du film amazigh, Graeme Allwright, a charmé son public en animant une soirée exceptionnelle, jeudi, à la maison de la culture Mouloud Mammeri. Le verbe haut, les doigts toujours habiles à faire « parler » sa guitare, Graeme Allwright n'a rien perdu de sa verve. A 84 ans, le vieil homme garde toutes ses dents et ses dons de crooner. Il joue et chante avec la même fraîcheur et la même maestria qui l'a propulsé au firmament de l'art dans les années 1970. Ses fans, plus de 800 personnes venues d'un peu partout, l'ont vu à l'œuvre jeudi dans la soirée à l'occasion d'un chaud show exceptionnel à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Accompagné par ses inséparables musiciens malgaches, Eric Manana et Dina Rakotomanga, le chanteur d'origine néo-zélandaise a épaté son auditoire en revisitant ses plus belles mélodies. Devant un public connaisseur et reconnaissant, l'infatigable globe-trotter interprétera, dans la langue de Molière et de celle de shakespeare, ses « classiques », Petit garçon qui est une adaptation en français de la chanson Old Toy Trains de Roger Miller, Il faut que je m'en aille (Les Retrouvailles), et d'autres titres de ses propres œuvres, mais aussi celles de Léonard Cohen qui a contribué à le faire découvrir au public français (Suzanne, L'Etranger, Demain sera bien) etc, de Bob Dylan (Qui a tué Davy Moore ?), de Tom Paxton (Sacrée bouteille), de Pete Seeger (Jusqu'à la ceinture), ainsi que de Malvina Reynolds (Petites boîtes). En fervent adulateur du folk américain et anglo-saxon, l'invité du festival national du film amazigh a rendu un hommage appuyé à son ami Willie Hugh Nelson, guitariste de musique country américain, dont le nom est spécialement attaché au style « outlaw country », en interprétant On the road again. Surfant d'un style musical à un autre (folk, jazz, country, blues), Graeme Allwright a, durant près de deux heures, remis au goût du jour une partie de son œuvre titanesque, dont les fameuses « protest-song », qu'il avait écrites ou adaptées, connues de plusieurs générations ici même en Algérie. Les mélodies sont entraînantes, les textes sont un patchwork de thèmes où se mêlent émotion, dénonciation moqueuse du conformisme ou des injustices et des appels incessants à la liberté. Il n'en fallait pas plus pour subjuguer l'auditoire composé essentiellement de jeunes. Pour clôturer son spectacle, l'hôte de la ville de Tizi Ouzou a interprété en duo, avec Belaïd Tagrawla, la chanson Il faut que je m'en aille que ce dernier avait traduite en kabyle dans un de ses albums. A la fin du spectacle, des cadeaux symboliques ont été remis à Graeme Allwright et ses musiciens par le directeur de la culture, Ould Ali El Hadi et ce, en présence de nombreux invités, dont les chanteurs Lounis et Djaffar Aït Menguellet, le poète Ben Mohamed, venu de France, l'artiste peintre Mohamed Haroun et des anonymes. Très peu bavard sur scène, Graeme Allwright s'est dit ravi d'être à Tizi Ouzou, une ville où il s'était déjà produit en 1983. « C'est un grand plaisir pour moi de revenir en Kabylie. Le public a été chaleureux, et cela me fait chaud au cœur », a-t-il déclaré sous les ovations du public.