Strass, paillettes et invités de marque. Tels sont les principales caractéristiques du défilé de mode qui a enfiévré la salle El Mawakif de l'hôtel El Aurassi, samedi soir. Sous le thème « Lumière et Liberté », les créateurs des deux rives, à savoir l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) et l'Association France-Algérie Rhône-Alpes (AFARA), ont popularisé leur savoir-faire sur 10 jeunes mannequins apparus dans les plus surprenantes créations du XXIe siècle. Il est 19h 30, les VIP (Very Important Personnalities), ont commencé à investir les places qui leur ont été réservées. Les femmes dans leurs robes et tailleurs haute couture et les hommes en costard cool, ne sont pas passés inaperçus. Dorure et bijoux baroques étincelants, coiffures plutôt excentriques, bien fardées et sans oublier le détail qui accompagne leur accoutrement, à savoir bandoulière et pochette à main criarde, cela donnait l'aspect d'une véritable Fashion-Week européenne. La salle était archicomble, les invités attendaient le coup d'envoi du défilé avec impatience. Certains regardaient leurs montres, d'autres faisaient agiter leur éventail et il y avait aussi ceux qui se sont équipés de tablettes et appareils photos pour immortaliser l'évènement. Il est 20h15 minutes. Sous les sons d'une musique féerique, les modèles ont fait leur entrée sur scène. Dans leurs robes médusées aux couleurs glacées et vestes caracos flashi à l'allure modernisée, la collection de Karim Cifaoui a fusionné la scène. Pour marquer la saison, les filles reviendront, pieds nus, pour présenter la collection été 2013. Des petites robes en voile fin et léger, accompagnées de turban au dégradé de vert, cet assortiment a eu un effet transat sur plage et piscine. Pour les personnes dites « profondes », les robes de cocktails noires enjolivées par des escarpins vernis ont attiré les regards des grandes dames. C'est l'œuvre de Morgan Kirch, elle a allié dans sa création radicalement noire un classique basique qui associe l'élégance et la pureté des lignes. Ces vêtements contemporains s'adressent à une clientèle féminine, chic et sobre. S'inspirant de l'Orient et de l'Occident mais aussi de la rue et du quotidien, princesse Zazou Hania a allié les techniques broderies, dessin et collage. Et dire que le traditionnel détrône une fois de plus les tenues de ville dites « plus pratiques ». La collection « Manouba » de Rym Menaifi, a fait sensation. Ses œuvres sont puisées du patrimoine traditionnel. Sa présentation est une variante de tissus brillants, de la soie et du fil d'or. Les robes traditionnelles ont fait rêver l'assistance qui, l'espace d'un moment, a été emportée vers un Orient à la fois moderne et contemporain. C'est pourtant Amor Guellil, 25 ans, styliste algérien, qui a été le lauréat du concours de mode « Créateurs des deux rives » le 28 mars dernier à Lyon, France. Sur 35 candidats algériens et français, 9 ont été sélectionnés pour faire leur show à Paris puis en Algérie. Jeune et talentueux, il a prouvé son amour pour la mode et son souci d'aller au détail du beau. Sa collection s'adresse à une clientèle fine, jeune et tendance branchée sur les soirées et les réceptions officielles. Magiques et mystérieux, le défilé dont la décoration et l'éclairage employés comme dans un théâtre, était, malgré certaines carences, prestigieux, laissant le champ à la libre expression des créateurs qui ont mêlé imagination, féerie, créativité, luxe et mode. Ce moment plein de beauté, de rêve et d'émotion, a ouvert les portes à l'histoire et a promu la culture des deux rives ainsi que les jeunes talents. A priori, la mode telle qu'on peut la voir dans un défilé est un luxe peu accessible, mais les défilés sont aussi une source d'inspiration épatante. C'est ça la mode !