Les pourparlers inter-maliens, qui ont débuté le 8 juin dernier, ont repris, hier à Ouagadougou, sous la direction de Djibril Bassolé, chef de la diplomatie burkinabé, accompagné de diplomates qui l'assistent au nom de la communauté internationale. Objectif : tenter de lever les derniers obstacles pour la signature d'un accord en vue de la tenue de l'élection présidentielle, le 28 juillet prochain, sur l'ensemble du territoire malien. Et pour cause ! Bamako refuse de signer le texte et ne semble pas disposer à le faire dans l'immédiat, surtout dans sa version actuelle qui ferait la part belle aux rebelles du Nord. « Nous avons l'espoir d'aboutir, dans quelques jours, à un accord », déclare Pierre Buyoya, chef de la force africaine déployée au Mali (Misma) après un entretien de plus de sept heures avec le président malien, Dioncounda Traoré. Tiébilé Dramé, conseiller spécial du président malien pour le Nord, qui est reparti, hier, dans la capitale burkinabé, flanqué de trois conseillers militaires pour « participer à la définition des modalités concrètes du déploiement de l'armée malienne à Kidal en cas de conclusion d'un accord », refuse de signer l'accord de 23 pages. Parmi les raisons avancées pour expliquer son refus : ces modalités de déploiement de l'armée justement. « Nous sommes pour la paix, mais une paix qui défende les intérêts du Mali », dit-il. Selon lui, elles ne sont pas claires. Il veut que ce déploiement et le cantonnement des rebelles soient effectifs dans les 15 jours qui suivent la signature de cet accord. Ce que refuse la délégation conjointe du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et du Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), trouvant leur compte dans le texte qui leur laisse le temps jusqu'à « l'après-présidentielle, prévue les 28 juillet et 11 août prochains, et 60 jours après la mise en place d'un gouvernement », pour laisser entrer à Kidal l'armée malienne, encadrée par la Minusma, qui absorbera la force africaine à partir de juillet prochain. Autre pomme de discorde : la levée des poursuites judiciaires engagées contre six leaders influents du MNLA et HCUA. Le conseiller spécial du président malien veut soustraire de l'accord un article qui stipule l'abandon de ces poursuites. « Même si dans un souci d'apaisement, le gouvernement s'engage, dit-il, à suspendre les poursuites contre les membres des groupes armés signataires de cet accord ». Le concept « Azawad » ne convient pas à Bamako. Elle préfère « région septentrionale » à cette « construction politique » qui date de la rébellion de 1990. Autre point qui semble irriter le gouvernement malien : le point 17 du texte qui lui a été remis évoque la mise en place d'une « commission d'enquête internationale sur les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité, les génocides, les violences sexuelles et autres violations graves des droits de l'Homme et du droit international humanitaire sur tout le territoire du Mali ». Présents à Ouagadougou dans les cadre de ces pourparlers inter-maliens, le Mouvement arabe de l'Azawad et la Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance, un regroupement de groupes d'auto-défense, rejettent, eux aussi, le texte. Certains pays européens font déjà porter le chapeau de l'échec de la conférence de Ouagadougou à Bamako. « Toute aventure militaire compromettrait les engagements financiers de la communauté internationale », disent-ils. La France annonce qu'elle a décidé de ralentir le processus de retrait de ses soldats engagés depuis janvier dans la guerre. Ils ne seront plus 2.000 au 1er juillet 2013 comme prévu, mais entre 3.000 et 3.500. Le but est d'assurer, selon l'état-major français, la sécurité de la tenue de la présidentielle.