Le premier thème a fait l'objet d'une journée d'étude au niveau de l'APW de Tizi-Ouzou. Il en ressort que, bien qu'il n'existe pas de statistiques fiables, selon le sociologue Ahmed Dahmani, ce phénomène prend des propositions alarmantes dans le pays. Et pour cause, le Dr Mizab, spécialiste en psychologie clinique, a indiqué que « rien que pour l'année 2012, il a été enregistré à travers le pays 321 personnes se sont suicidées et 787 ont essayé d'y mettre un terme. « Avec trois tentatives de suicide par jour pour 100.000 habitants, ce phénomène de violence n'épargne aucune frange de la société », dira le Dr Mizab qui soutient aussi que le cas de suicide n'a pas d'âge puisque « l'on se suicide à tout âge, y compris dans la tendre enfance ». D'où la sonnette d'alarme : « Le suicide n'est pas un sujet tabou, c'est un phénomène sérieux qu'il faudra étudier et prendre en considération en lui accordant une attention particulière et dans l'immédiat avant que la situation n'empire », affirme-t-il. D'ailleurs, au niveau de la direction de l'éducation de la wilaya de Tizi-Ouzou et au lendemain du suicide de trois élèves en mars 2012, il a été mis en place 40 cellules psychologiques dans les écoles de la région, selon le secrétaire général de cette direction. Mais cela reste insuffisant tant ce phénomène n'est pas cerné dans le temps ou dans un lieu précis, « il peut survenir à tout moment », adéclaré le Pr Abbès Ziri, spécialiste en psychiatrie qui, avec son équipe, avait réalisé une étude sur le sujet dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Les femmes préfèrent taire leur mal Le second thème a fait l'objet d'un colloque au niveau de l'université Mouloud-Mammeri sous le thème « Les violences conjugales à l'égard des femmes, phénomène tabou, entre silence et reconnaissance » avec la participation d'universitaires de nombreuses universités du pays mais aussi du Maghreb (Tunisie et Maroc). Un colloque qui se veut, selon ses organisateurs, « un lieu privilégié de rencontre et d'échange de réflexions entre chercheurs intéressés par ce domaine et professionnels ». Tout en se fixant comme objectif « l'ouverture d'un large débat pour lutter contre ce phénomène sociétal dégradant pour la personne humaine ». Tant pour eux « la violence conjugale est un phénomène sous-estimé, c'est l'omerta qui prévaut. Les femmes hésitent à révéler à leur entourage qu'elles subissent des violences et, si elles le font, elles ont tendance à les minimiser parce que ce phénomène est tabou dans notre société ». Toutes les communications ont porté sur les aspects juridiques et religieux. Pour le premier aspect, ils ont relevé un manque flagrant de textes et pour le second l'abus de l'application erronée de la religion pour justifier ce phénomène. A ce titre, les intervenants ont insisté sur l'élaboration et la mise en place de lois et de textes cadres à même de lutter contre ce fait qui pousse certaines victimes parfois au suicide. Ainsi, pour nombre d'intervenants, même si on trouve des prétextes à cette violence, notamment la jalousie, la séparation, le divorce, le chômage du partenaire, la précarité, le niveau d'instruction, le niveau du revenu, la promiscuité, le mauvais traitement durant l'enfance, « rien ne justifie cette violence, surtout qu'elle reste impunie ». D'où la nécessité de voir les juristes se pencher sur le sujet pour tenter de mettre un terme à la souffrance des femmes particulièrement les femmes mariées qui sont les plus touchées par ce phénomène comme l'a relevé une étude datant de 2005. En effet, elles étaient 4.507 femmes mariées à avoir subi des violences conjugales soit plus de 50 % des cas recensés dans cette étude qui relève aussi 36% de femmes célibataires, 1,35% de mères célibataires et 4% de divorcés. Mieux, il ressort aussi d'une étude de la banque mondiale que de par le monde, le viol et la violence conjugale représentent un plus grand risque, (pour une femme âgée de 15 à 44 ans) que le cancer, les accidents de la route, la guerre et le paludisme réunis. Ce phénomène sera aussi décrié par le docteur Mahmoud Boudarène, psychiatre, qui a effectué de nombreuses recherches et études sur ce phénomène tant, pour lui, « la société algérienne ne trouvera pas son épanouissement si elle continue à humilier les femmes en les forçant à la soumission et à la domination éternelle par leurs homologues masculins ». Les fillettes ne sont pas épargnées Ce phénomène de violences qui touche la gent féminine n'est pas le propre des femmes adultes car même les fillettes en sont victimes comme le font ressortir les chiffres de la sûreté de wilaya qui a consacré une étude à ce phénomène. En effet, les services de la sûreté de wilaya qui, à travers les chiffres présentés, font ressortir que de plus en plus de mineurs (01 à 18 ans) des deux sexes subissent des violences. Ainsi, durant les trois premiers mois de l'année en cours, 19 mineurs, dont 14 filles, ont été victimes de délits divers. Soit une jeune fille de 17 ans victime de viol, 4 autres d'actes contre nature dont deux âgés de 10 ans contre deux garçons (13 ans et 16 ans), 3 victimes (16-18 ans) d'attouchements, quatre de violences volontaires contre deux garçons et deux tenta tives d'enlèvement sur des fillettes de 10 ans. Par ailleurs, 07 filles, contre 13 garçons, se sont retrouvées en danger morale et physique. Enfin, les causes des violences conjugales ont aussi une corrélation dans les délits commis par les jeunes mineurs du fait du divorce des parents notamment ou la mauvaise prise en charge de ces derniers de leur progéniture notamment les garçons qui sont impliqués dans de nombreux délits comme le vol et la détention de stupéfiants.