Alors que le conflit en Syrie prend une tournure de plus en plus confessionnelle, le président égyptien, Mohamed Morsi, décide la rupture les relations diplomatiques avec le régime de Bachar al-Assad. « L'ambassade de Damas en Egypte va être fermée et le chargé d'affaires égyptien dans la capitale syrienne va être rappelé », a déclaré le chef de l'Etat égyptien, samedi, au cours d'un rassemblement populaire retransmis à la télévision. M. Morsi a également mis en garde le mouvement libanais du Hezbollah impliqué dans le conflit syrien du côté du régime tout en critiquant aussi le soutien à Damas par « des puissances régionales et internationales ». Il a ainsi estimé que « le Hezbollah doit quitter la Syrie. Nous rejetons toute ingérence militaire ou politique en Syrie, par des Etats ou militants ». Selon lui, « il n'y a pas de place pour le régime syrien actuel dans la future Syrie ». Exhortant le Conseil de sécurité de l'ONU à imposer une zone d'exclusion aérienne, le président égyptien a indiqué avoir « entamé des contacts avec des Etats arabes et musulmans afin d'organiser une réunion d'urgence de soutien » au peuple syrien. En prenant la décision de rompre les liens diplomatiques avec Damas, M. Morsi n'a pas pris en considération ce que pourraient subir les dizaines de milliers d'Egyptiens vivant et travaillant en Syrie. Certains y résident depuis la fin des années cinquante. Damas a réagi, hier, en qualifiant l'acte du Caire d'« irresponsable ». Un responsable syrien, cité par l'agence officielle Sana, a souligné que « la République arabe syrienne condamne la position irresponsable de Morsi (...) qui s'est joint à la clique des comploteurs menée par les Etats-Unis et Israël contre la Syrie ». Pour l'opposition égyptienne, le président multiplie la référence aux conflits extérieurs pour tenter de désamorcer la grande manifestation, prévue le 30 du mois en cours, pour réclamer son départ. Lors son intervention télévisée, M. Morsi, qualifiant les meneurs de cette campagne de « Tamarrod » et affirmant réunir plus de 15 millions de signatures en sa faveur, a prévenu qu'il agirait « avec détermination » face à « ceux qui pensent qu'ils peuvent détruire la stabilité ». Il a, toutefois, tenu à préciser qu'il ne s'adressait pas aux « enfants de la révolution du 25 janvier » 2011 qui a renversé Hosni Moubarak, ni « ceux qui s'opposent et veulent faire entendre leurs voix », mais à « ceux qui tentent de nous faire reculer, ceux qui veulent utiliser la violence par tous les moyens ».