La Colombie a un nouveau président depuis hier. Devant la statue de Simon Bolivar, à la place Bolivar à Bogota, Juan Manuel Santos a pris ses fonctions à la tête du gouvernement colombien. La cérémonie d'investiture a réuni treize chefs d'Etat et plus de 3.000 invités, dont le président brésilien, Louis Inacio Lula Da Silva et le ministre des Affaires étrangères vénézuélien, Nicolas Maduro. Les autorités colombiennes ont mis en place des mesures sécuritaires draconiennes pour contrôler tout débordement comme cela a été le cas lors de l'investiture d'Alvaro Uribe, où 18 personnes ont trouvé la mort après l'explosion d'un engin. Près de 27.000 militaires et policiers ont été déployés. Succédant à Alvaro Uribe, l'ex-ministre de la Défense devra faire face à la guérilla des Forces armées révolutionnaires en Colombie (Farc), dont il a promis encore plus de fermeté. La pauvreté et la corruption seront d'autres défis qu'il devra relever, étant donné que 46% des Colombiens vivent sous le seuil de la pauvreté. M. Santos a, en outre, prévu d'installer un gouvernement plus technocratique que celui de Uribe, incluant des représentants de partis de centre et de droite pour créer une «union nationale». Sur le plan diplomatique, l'arrivée de Santos à la tête du gouvernement devrait plutôt apaiser les tensions entre Caracas et Bogota. La Colombie avait présenté, le 22 juillet, à l'Organisation des Etats américains (OEA) des documents attestant la présence de 1.500 membres des Farc réfugiés au Venezuela. Ce qui a entraîné la rupture par Caracas de ses relations diplomatiques avec Bogota et l'annonce du déploiement de troupes dans le sud du pays, à la frontière colombienne. Pour régler le plus rapidement la crise, le président Lula a offert ses services pour une médiation pour un rapprochement entre les deux voisins. A l'issue d'un entretien avec son homologue brésilien et le secrétaire général de l'Union des nations pays d'Amérique du Sud (Unasur), l'Argentin Nestor Kirchner, le président Chavez a déclaré : «Nous sommes très optimistes». Pour sa part, le futur vice-président colombien, Angelino Garzon, a estimé que «c'est un message positif qui nous permet de consolider le chemin de la fraternité» avec le Venezuela. De l'avis des spécialistes, l'ascension au pouvoir de Santos est de nature à favoriser un climat d'apaisement. Serait-ce suffisant pour régler définitivement le différend ? Le pessimisme reste de rigueur tant que persisteront les raisons profondes de la crise. La Colombie et le Venezuela ne partagent pas la même idéologie. En outre, entre les deux pays se dresse l'ombre des Etats-Unis proche de Bogota qui est son allié traditionnel dans la région et présenté par Caracas comme étant l'ennemi irréductible prônant l'ingérence et la déstabilisation pour assurer la perpétuation de son hégémonie dans son pré-carré latino-américain. Une guerre entre les deux pays ? Rien n'est sûr. La main tendue vénézuélienne, confirmée par la présence à l'investiture du nouveau président colombien, et la médiation brésilienne attestent de la volonté d'œuvrer en commun pour éviter le scénario du pire.