Les économistes algériens sont toujours en quête d'un modèle de croissance en mesure de faire sortir l'Algérie du sous-développement, plus d'un demi-siècle après l'indépendance. Pourtant ses possibilités en termes de ressources humaines, matérielles, financières, hydriques lui permettent de réaliser un taux de croissance à deux chiffres, à même de la hisser au rang des pays développés. « Mais ce n'est guère le cas », déplorent les experts en économie Mouloud Hachmane, enseignant universitaire, et Toufik Hadj Messaoud, représentant du secrétariat d'Etat chargé de la Prospective et des Statistiques, et le président de la Fédération algérienne pour la protection des consommateurs, Mustapha Zebdi, invités hier par l'UGCAA pour animer une conférence-débat sur le développement économique et le rôle des partis politiques. Une thématique qui a permis aux intervenants non seulement de relever les défaillances des politiques de développement économique qui se sont succédé, mais également de déplorer la non-implication des partis politiques dans ce processus. En témoigne, d'ailleurs, l'absence de projets de développement économique dans le discours politique. Les toutes dernières échéances électorales sont à ce titre éloquentes. Le président de l'Union générale des commerçants et artisans algériens, Hadj Boulanouar, explique ce recul par le niveau de la composante des formations politiques. Selon lui, 90 % des cadres, des enseignants et chercheurs universitaires n'ont aucune motivation pour adhérer à un parti politique. « Une valeur que les faiseurs de politique négligent pour des calculs bien précis. Pourtant, il s'agit là de l'un des principaux atouts favorisant le développement économique du pays », souligne Toufik Hadj Messaoud, pour qui la situation ne prête guère à l'optimisme. « Il y a urgence à mettre en place un nouveau modèle de croissance, en impliquant les spécialistes en la matière, d'où la nécessité de prendre aujourd'hui les devants », recommande-t-il. D'ailleurs, le département de la statistique soumettra aujourd'hui au secrétariat général du Premier ministère un document portant une série de mesures pour la prise en charge des doléances des citoyens et des opérateurs économiques, notamment dans le domaine du commerce, des opérations financières, du crédit, de la protection du consommateur et bien d'autres secteurs d'activités. Pour cet expert, cette vision, réaliste et optimiste, peut faire de l'Algérie une référence en matière de développement, à l'image de l'expérience du Singapour, champion de la croissance en Asie. De son côté, Mouloud Hachmane juge que la politique en vigueur doit impérativement rompre avec les dépenses inutiles. « Les études ont clairement démontré que de telles dépenses ne favorisent pas forcément le développement économique, surtout lorsqu'elles font dans le bricolage ou pour prendre en charge une situation d'urgence », rappelle-t-il.