Entre les militaires et les Frères musulmans, soutiens de Mohamed Morsi, le président déchu, le courant ne passe plus. Même si les deux parties, pour se dégager par avance de toute responsabilité au cas où la situation dérape, laissent croire, qu'elles essaient de faire baisser les tensions. Mercredi, le général Abdel Fattah al-Sissi, chef de l'armée, demande aux Egyptiens de manifester pour lui donner « mandat » d'en « finir avec le terrorisme et la violence ». Jeudi, il est remonté au créneau pour annoncer que ceux qui occupent la rue jusqu'au retour au pouvoir de Morsi ont « 48 heures pour rentrer « dans les rangs de la nation » et « s'asseoir à la table pour signer la « feuille de route » de réconciliation politique qu'ils ont jusqu'ici boycottée. Passé ce délai, soit cet après midi, « les forces armées changeront de stratégie », ils pointeront leurs armes « contre la violence noire et le terrorisme, qui n'ont ni religion, ni nation ». Comme pour enfoncer le clou, la justice place formellement Morsi en détention. Il est accusé, selon MENA, l'agence officielle, d'assassinat de détenus et d'officiers, et de kidnapping de soldats, lors de son évasion de prison en 2011, et de conspiration avec Hamas pour des actions contre des installations de la police, et des militaires. C'en est trop pour les Frères. Pour eux, le pouvoir, qui tient ces propos après avoir destitué leur président élu, veut « une guerre civile ». En réponse à cette guerre et à l'ultimatum, ils demandent à leurs « partisans » de participer à leurs démonstrations de force aux alentours de l'université du Caire, et de la grande mosquée Rabaa al-Adawiya, dans le nord-est de la ville. Conséquence de cet échange aigre-doux, le Caire a renoué, hier, malgré les renforts de sécurité, avec les affrontements entre pro et anti-Morsi. Les Occidentaux qui, avec les « pétromonarchies » du Golfe, portent à bout de bras l'économie égyptienne, s'inquiètent de la tournure des événements en Egypte où le destin du monde arabe et du « Printemps arabe » se joue. L'Onu rejoint les voix des Etats Unis et de l'Allemagne. Ban Ki-Moon souhaite que M. Morsi et ses alliés « soient libérés ». Hicham Qandil, l'ex-Premier ministre, présente des mesures de compromis visant à « faire cesser l'effusion de sang » et ouvrir la voie à une solution politique à la crise. En vain. « L'Egypte n'est pas près de trouver une solution à la crise » estime dans une interview au Point, Gamal Soltan, le directeur du centre al-Ahram pour les sciences politiques et les études stratégiques.