Des manifestations rivales entre partisans et opposants du président égyptien destitué Mohamed Morsi vendredi à la place Tahrir du Caire font craindre un débordement de la crise dans le pays, au lendemain d'un appel du commandant supprême de l'armée à manifester pour réclamer officiellement le jugement de Morsi, rapportent les médias locaux. Le groupe Tamarrod , initiateur de la mobilisation contre M. Morsi, a relayé le message du ministre de l'Intérieur le général Abdel Fattah al-Sissi, invitant à manifester après la prière du vendredi "pour réclamer officiellement le jugement de Mohamed Morsi et soutenir les forces armées égyptiennes dans leur guerre à venir contre le terrorisme". Mohamed Morsi, lui-même issu des Frères musulmans, est détenu avec certains de ses collaborateurs dans un lieu tenu secret depuis sa destitution par un coup militaire le 3 juillet. L'armée égyptienne alternait jeudi mises en garde et propos rassurants face aux partisans du président islamiste destitué Mohamed Morsi, à la veille de ces manifestations qui provoquent de vives inquiétudes dans le monde. Les deux camps, qui s'accusent mutuellement d'entraîner le pays vers la guerre civile, semblaient vouloir se dégager par avance de toute responsabilité au cas où les rassemblements de vendredi dégénéreraient. L'appel du chef de l'armée, le général al-Sissi à manifester vendredi pour lui donner "mandat" d'en "finir avec le terrorisme et la violence" ne "constituait pas une menace envers un groupe politique en particulier", a assuré un porte-parole militaire, en allusion aux Frères musulmans. Mais un communiqué publié sur une page Facebook proche des militaires diffusait dans le même temps un message disant que "le commandant des forces armées a donné un délai de 48 heures pour un retour dans les rangs de la nation" —une demande de fait aux Frères musulmans de s'associer au processus de "réconciliation" prôné par le nouveau pouvoir— selon ce texte repris par l'agence officielle Mena. Après les rassemblements de vendredi, "les forces armées changeront de stratégie face à violence et au terrorisme", selon le texte, relativisé par une source militaire affirmant que "cet ultimatum de 48 heures est en fait une invitation politique" ne comportant pas de menace d'intervention. Les Frères musulmans, formation de M. Morsi, ont vu dans le discours du général Sissi un "appel à la guerre civile". Leur guide suprême, Mohamed Badie, a toutefois réaffirmé que les manifestations vendredi "contre le coup d'Etat sanglant" qui a renversé le président le 3 juillet devaient être "pacifiques". L'ancien Premier ministre de M. Morsi, Hicham Qandil a présenté des mesures de compromis pour "cesser l'effusion de sang" et esquisser une solution politique, proposant la libération des personnes arrêtées et la levée de l'isolement du président déchu.