L'année dernière, les incendies avaient pris la dimension d'une catastrophe nationale. Ainsi, une ville comme Bejaia fut cernée durant près d'une semaine par les souffles d'un immense brasier. Des pertes humaines avaient même été enregistrées dans la wilya de Souk Ahras dans ce qui fut considéré comme une année noire. Les superficies détruites par le feu furent aussi importantes que celles qui ont été reboisées. Sur les hauteurs de la Grande Kabylie, des milliers d'arbustes, d'arbres fruitiers et d'installations de production notamment des poulaillers, des granges ont été la proie des flammes. Des oliviers et des figuiers parfois séculaires ont été perdus à jamais. Les pertes occasionnées par le feu au patrimoine végétal de la wilaya de Tizi Ouzou furent estimées à quelque 112.000 ha dont 48.000 de forêts. Plus de 4.000 ha de couvert végétal étaient partis en fumée dans la seule wilaya de Bouira en 2012. Le secteur agricole (aviculture, oléiculture), la santé et le tourisme sont les premiers à pâtir de cette épreuve. Même dans l'enceinte de l'APN, des députés de certaines wilayas comme Jijel, El Tarf ou Tizi Ouzou, avaient plaidé pour l'obtention de réparation substantielle et d'aides au profit des agriculteurs qui ont subi des pertes. De vastes massifs forestiers dans les quatre coins du pays s'étaient embrasés. Les cadres paradisiaques de Tikjda et Chréa ont subi d'irrémédiables dégâts. Les statistiques sont pour le moment plus rassurantes et moins déprimantes. A Tlemcen, le bilan des incendies est moindre avec à peine 190 ha. Au cœur de l'été, le nombre des feux de forêt a connu, cette année, une nette diminution. En termes de départ de feux ou de superficies ravagées par les flammes, la tendance est à la baisse. Pourtant, avec la canicule qui sévit depuis quelques jours dans le pays, l'obsession des forestiers était de voir se rééditer le scénario noir des dernières années. Les agents de la Conservation des forêts ainsi que ceux de la Protection civile sont, depuis l'ouverture de la saison estivale, moins sollicités sur les lieux des sinistres. Les interventions des agents de la Protection civile sur les plages sont plus fréquentes. Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer cette situation. L'ouverture de tranchées dans de nombreuses forêts, l'aménagement de pistes et le creusement de tranchées pare-feu semblent être à l'origine de cette amélioration. Elles facilitent l'accès des engins anti-incendie qui interviennent promptement sur les lieux des sinistres. D'aucuns n'hésitent pas à lier ce bilan à l'amélioration de la situation sécuritaire. En tout état de cause, beaucoup de forestiers parlent pour le moment d'un « véritable soulagement ». Leur souci est de voir enfin passer une saison qui permettra au couvert végétal de se régénérer.