Décidément, la Kabylie n'a pas fini de brûler. Des incendies ravageurs et inquiétants ont détruit plus de la moitié du couvert végétal, dont la plus grande proportion est constituée de forêts, depuis le mois de juin dernier. Et il est encore trop tôt pour dresser un bilan définitif de cette énième catastrophe venue donner le coup de grâce à une région déjà durement mise à l'épreuve. Hier, vers la mi-journée, le village Ath Saada, dans la commune de Tadmaït, perché sur les hauteurs de Sid Ali Bounab a failli vivre une catastrophe. Des habitations entières étaient cernées par les flammes dont la propagation était ravivée par la chaleur et le vent. Si le pire a été évité, c'est grâce à la mobilisation des villageois, avons-nous appris d'une source locale, qui ont avec seulement leur courage et les moyens du bord dont ils disposent, réussi à éviter à ce que les flammes atteignent et consument des habitations. Ceci sans parler du climat de peur et d'épouvante qui a tenaillé les habitants des heures durant surtout que les soldats du feu n'ont pas été déployés à Ath Saada, car tous les effectifs étaient déjà mobilisés pour combattre les flammes qui ravageaient l'autre versant de Sid Ali Bounab, à savoir du côté d'Ath Ouarzdine. Là, on déplore d'importantes pertes pour ces villageois qui se trouvent ruinés, en l'espace de quelques heures seulement. Le gigantesque incendie qui s'est déclaré depuis avant-hier (il continuait à progresser dangereusement au moment où nous rédigions) a causé des dégâts énormes. Ni le déploiement de colonnes de la Protection civile et la mobilisation des habitants ou encore l'arrivée des renforts logistiques des communes environnantes ne sont venus à bout des flammes. C'est des centaines de ruches, de poulaillers, de clapiers et des étables entières qui ont été réduits en cendres, avons-nous appris. Des échos qui nous sont parvenus, décrivent une situation apocalyptique. Vendredi, c'était la région d'Agouni Gueghrane, dans la daïra des Ouadhias, qui a été sous l'emprise des flammes. Là aussi on déplore des dégâts importants, notamment la destruction de tout le couvert végétal et surtout des centaines d'arbres fruitiers. La veille, un autre incendie s'est déclaré au niveau de la commune forestière de Mizrana, 30 kilomètres au nord de la ville de Tizi Ouzou. Les feux ont complètement cerné les villages Tamazirt Ourabah, Athouri et Tizi N'bouali. Fort heureusement, aucune victime n'est à déplorer. Selon le bilan de la campagne de lutte contre les incendies de forêts, de la période s'étalant du 1er juin au 31 août 2012, 1 894 interventions pour l'extinction de feux ont été effectuées par les unités opérationnelles de la wilaya dont 1 038 feux enregistrés durant le mois d'août. Sur les 1 894 feux, 503 sont considérés incendies de forêt. Ces incendies ont causé, le bilan n'est pas encore définitif, la destruction d'une superficie globale brûlée de 4 135 ha avec 40 479 arbres fruitiers divers (3 382 ha avec 31 250 arbres fruitiers ont été enregistrés durant le mois d'août). Pour les forêts, on a enregistré 305 incendies avec 2 071 ha de dégâts occasionnés, pour les maquis, 94 incendies, 754 détruits, la broussaille avec 88 incendies ayant effacé 1 302 ha, 9 ha de blé dur, 40 479 divers arbres fruitiers et des fourrages. Par Fatima Benamer