Scandale. Mohammed VI a gracié un pédophile espagnol à l'occasion du 14e anniversaire de la fête du Trône. Condamné en septembre 2011 à 30 ans de réclusion criminelle pour abus sexuels sur onze enfants de 11 à 15 ans, Daniel Galvan Vina, 63 ans, purgeait sa peine à la prison de Kenitra, au nord de Rabat, avant d'en ressortir mercredi 31 juillet, libre comme l'air. Passé le moment de surprise, les associations de lutte contre les violences commises sur les enfants mettent cette « affaire » dans la rue. Sentant que leur dignité a été bafouée par leur Etat censé défendre et protéger le viol de leurs enfants, des milliers de personnes ont manifesté massivement vendredi soir devant le Parlement à Rabat pour « dénoncer » cette grâce de trop. Même si « une » grâce royale ne se discute pas ». « Honte internationale ». « Il n'y a ni droits ni libertés » et « Où est la justice ? » et « Non à la pédophilie » ont été les principaux slogans. Des dizaines de personnes, parmi lesquelles des journalistes et des photographes, ont été blessées par la police. Le roi Mohamed VI a « ordonné la libération de 48 prisonniers espagnols (...) en réponse à une demande formulée (...) par le roi Juan Carlos » qui lui a rendu visite le 15 juillet au Maroc. Mais cette affaire, qui pourrait prendre des proportions sociales inquiétantes pour le Palais - plusieurs pages Facebook ont été créées pour demander au Roi la révision de cette décision et présenter des explications à l'opinion publique - n'est pas isolée. Plusieurs scandales de pédophilie et de viols sur mineurs ont éclaté au Royaume ces dernières années. En juin, un Britannique soupçonné de pédophilie a été interpellé à Tétouan. En mai, un Français de 60 ans a été condamné à 12 ans de prison ferme par un tribunal de Casablanca pour des actes pédophiles. Il y a deux ans, Luc Ferry, l'ancien ministre français de l'Education, a jeté un pavé sur le plateau du Grand Journal de Canal+. Selon lui, « un ancien ministre français aurait été pris en flagrant délit à Marrakech dans une partouze avec des petits garçons ». Pis, un Premier ministre et d'autres ministres étaient au courant mais aucun d'eux n'a osé dénoncer le pédophile présumé. Et pour couronner le tout, un reportage télé d'un Espagnol où il racontait ses expériences sexuelles avec des petits garçons qu'il compare à des « Kleenex ». Ces « scandales » et ces « laisser-aller, laisser-faire » de la Justice ont poussé les Marocains en mai 2013 à organiser, juste après le viol d'une fillette de 10 ans, une marche « blanche » à Casablanca pour « lever le voile » sur une pédophilie que la justice de leur pays refusait de voir. A Madrid, où cette grâce fait des gorges chaudes, le palais royal se défend d'avoir publié une liste précise des détenus à relâcher. Ce sont les autorités marocaines qui ont élaboré la liste de personnes à gracier, dit-on en Espagne. Et de préciser que le ministère marocain de la Justice « a prévenu le cabinet royal de la présence du nom d'un détenu pédophile dans la liste des prisonniers espagnols à gracier ». Autrement dit, Mohammed VI a cautionné cette libération qui ne fera qu'« encourager le tourisme sexuel » au Maroc.