La manifestation organisée vendredi soir dans la capitale marocaine pour dénoncer la grâce accordée par le roi Mohammed VI à Daniel Galvan Viña, un ressortissant espagnol condamné pour pédophilie à 30 ans de prison, a été dispersée de manière musclée par la police anti-émeute. Plusieurs dizaines de personnes, dont des journalistes rassemblés devant le Parlement à Rabat, ont été blessées par les forces de l'ordre munies de matraques, ont rapporté des médias. Sur les réseaux sociaux, de nombreux manifestants ont publié des photos pour témoigner de ces heurts. «Au Maroc, on préfère libérer les pédophiles et tabasser les journalistes», s'emporte une journaliste dénommée Kerima Mendes. «Mais où va le Maroc ? Maintenant on torture des manifestants qui essayent de défendre un peuple indigné ? C'est du n'importe quoi !», s'indigne-t-on. Ce rassemblement faisait suite à la décision prise le 30 juillet par le roi Mohammed VI de libérer 48 ressortissants espagnols emprisonnés au Maroc, en réponse à une demande formulée par le roi Juan Carlos d'Espagne lors de sa visite en juillet. Parmi ces détenus, le souverain marocain a accordé sa grâce à Daniel Galvan Viña, un homme de 60 ans condamné en 2011 à 30 ans d'emprisonnement pour le viol de 11 enfants âgés de 4 à 15 ans et pour avoir filmé ses actes. Cette annonce a choqué la population marocaine qui demande depuis que cet Espagnol retourne en prison. «Nous sommes ici pour déterminer qui est responsable de ce pardon. C'est une honte qu'ils vendent nos enfants», a ainsi déclaré Nadjia Adib, présidente de l'association «Ne touche pas à mes enfants», lors de la manifestation. «C'est une erreur énorme. Nous demandons l'annulation de la décision royale pour les familles des victimes et pour le peuple marocain», a aussi commenté Abdelali Hamieddine, membre du Parti islamiste de la justice et du développement (PJD), principale organisation de la coalition gouvernementale. Il a précisé que le gouvernement n'avait rien à se reprocher pour la simple raison que le pardon émanait du palais royal. Malgré la répression de la police, d'autres manifestations devaient se dérouler hier soir dans plusieurs villes marocaines.