Une commission indépendante de personnalités de la société civile libyenne va être incessamment formée pour initier un dialogue national avec le soutien de la mission d'appui de l'ONU en Libye (Manul). Selon le Premier ministre, Ali Zeidan, qui a annoncé la nouvelle dimanche dernier lors d'une conférence de presse conjointe avec le chef de l'UNSMIL, Tarek Metri, et l'ancien vice-président démissionnaire du CGN, Jumaa Attiga, cette commission « indépendante » devrait traiter de questions telles que le désarmement, la forme de l'Etat, les populations déplacées ou encore la réconciliation nationale. « Cette commission, qui chapeautera ce dialogue, sera entièrement indépendante du gouvernement et du Congrès général national » (CGN), la plus haute autorité politique et législative du pays. Le chef de l'UNSMIL a affirmé, de son côté, que ce dialogue « permettra de remettre les divergences entre les Libyens dans leur contexte et de mettre en exergue la diversité de la société libyenne ». M. Metri a également exprimé la disponibilité de l'ONU « à apporter son soutien, son expérience et savoir-faire technique à cette initiative ». « L'idée d'un dialogue national inclusif vise à aider à cerner (...) l'identité libyenne », a indiqué M. Attiga, qui sera membre de cette commission. « Chacun s'est replié sur sa tribu et sa région, négligeant la dimension de la nation », a-t-il déploré. Les désaccords sur le contenu de la future Constitution demeurent, rappelons-le, en particulier le choix du fédéralisme ou du centralisme, mais aussi des droits des minorités, les Amazighs en particulier. Des partisans du fédéralisme ont d'ailleurs proclamé le 17 août à Ras Lanouf (est), et pour la troisième fois, l'autonomie de la région Cyrénaïque. Quelques jours auparavant, des militants amazighs avaient saccagé une salle du CGN pour protester contre leur marginalisation dans la future Constitution, réclamant l'inscription de tamazight et des droits culturels dans la future Constitution. L'annonce d'un dialogue national en Libye intervient au moment où les autorités de Tripoli n'arrivent plus à gérer la situation d'anarchie que traverse le pays. L'insécurité persiste notamment à Benghazi où les assassinats ciblés continuent, les terminaux pétroliers sont bloqués sans oublier les combats meurtriers opposant des tribus rivales à l'Ouest. Cette situation et le « manque de soutien de la part du Premier ministre » avaient poussé le ministre de l'Intérieur, Mohamed Khalifa Al-Cheikh, à présenter sa démission le 18 août dernier.