Les Shebab, liés à Al-Qaïda, ont fait un véritable carnage au Kenya, en représailles à la participation des troupes kenyanes dans la force africaine et pour les obliger à se retirer de la Somalie. Une dizaine d'assaillants masqués ont fait irruption, samedi vers midi, dans le centre commercial bondé du Westgate Mall, prenant des otages « détenus dans plusieurs endroits » et semant la mort parmi des clients de différentes nationalités. 24 heures après l'attaque, le bilan partiel, présenté hier par le ministère de l'Intérieur, fait état d'au moins 59 morts et 175 blessés. Parmi les victimes : des membres de la famille du président Uhuru Kenyatta et le poète ghanéen Kofi Awoonor. Prises au piège, des centaines de personnes ont heureusement réussi à fuir. Mais les échanges de tirs se poursuivaient toujours au moment où l'armée recevait encore des renforts. Le drame de Nairobi révèle le caractère sanguinaire des Shebab délogés de leur fief somalien et s'en prenant aux civils désarmés et terrorisés. Sur leur compte Twitter, les affidés d'Al Qaïda ont reconnu avoir « tué plus de 100 infidèles kényans ». Ils se revendiquent, à la lumière du précédent de Westgate, de la « justice punitive ». Washington a vivement condamné cet acte « ignoble ». Le secrétaire d'Etat, John Kerry, a souligné la détermination des Américains « à barrer la route à l'extrémisme et promouvoir la tolérance partout dans le monde ». La France, qui a pris au sérieux les menaces proférées par les Shebab, a mis en garde contre le risque d'attentat, pesant notamment sur la capitale. Dans un communiqué, l'Elysée s'est élevé contre le « lâche attentat », tout en exprimant sa « totale solidarité » avec les autorités kenyanes. En fin d'après-midi, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a contacté le président kenyan Uhuru Kenyatta pour lui réitérer « sa préoccupation et sa solidarité » et a dénoncé « un acte prémédité visant des civils sans défense ». Quant à la chef de diplomatie européenne, Catherine Ashton, elle s'est déclarée « horrifiée par l'attaque brutale », assurant dans un communiqué le « soutien plein et entier » de l'Union européenne. Au chevet de Nairobi, le monde se mobilise, à l'image d'Interpol proposant son assistance aux forces de l'ordre kényanes.