Après avoir fait pièce aux revendications de l'opposition, exigeant sa démission, le parti majoritaire Ennahda plie et se dit, même, prêt à rendre le tablier, sous la pression de celle-ci, doublée de l'engagement sans faille de l'UGTT (Union générale des travailleurs tunisiens), résolument décidée à mettre en pratique son plan de sortie de crise. Un évènement de taille . Ainsi, au terme de négociations marathoniennes, qui ont duré des semaines, le puissant syndicat, l'UGTT, principal médiateur dans l'impasse politique, a annoncé, samedi, l'accord de la formation de Rached Ghannouchi de quitter le gouvernement dans l'espoir d'entamer un dialogue national visant une transition politique. Objet d'un bras de fer sans concession, notamment ses rivaux de gauche, la démission d'Ennahda constituait, jusqu'ici, le principal obstacle sur lequel buttaient toutes les tentatives visant une issue à ce malstrom qui plombe la vie politique depuis l'assassinat des opposants nationalistes et de gauche, Chokri Belaïd en février, et Mohamed Brahmi en juillet. Ce rebondissement d'envergure, qui ne sera pas sans conséquence sur les développements ultérieurs de la crise, a été confirmé par le porte-parole d'Ennahda, Lajmi Lourimi, faisant connaître la détermination de son parti, qui a accepté « sans conditions » le plan de l'UGTT à « entrer dans le dialogue avec tous les partis qui le voudraient ». Selon Lotfi Zitoun, un autre dirigeant islamiste, « le dialogue s'ouvrira aujourd'hui ou demain ». Dans un communiqué publié sur son site officiel, l'UGTT a appelé tous les partis à participer au « dialogue national » pour mettre en œuvre sa feuille de route, également parrainée par le patronat (Utica), l'Ordre des avocats et la Ligue de défense des droits de l'homme. Face aux moult atermoiements du Premier ministre Ali Larayedh, misant sur des élections anticipées dès le mois de décembre prochain, la centrale syndicale, forte de 500.000 adhérents et de son poids sur la scène politique, a menacé le gouvernement d'un vaste mouvement de protestation. Selon Bouali Mbarki, secrétaire général adjoint de l'UGTT, la position d'Ennahda a été réexaminée et acceptée par les parrains du plan de sortie de crise et « l'actuel gouvernement annoncera sa démission une fois le dialogue entamé ». Ce plan demande à la troïka au pouvoir, Ennahda, le Congrès pour la République (CPR) et Ettakatol, de se réunir pour « un dialogue national » avec le président Moncef Marzouki et le Premier ministre Ali Larayedh et de former dans les trois semaines qui suivent un nouveau gouvernement composé d'indépendants.