L'école constantinoise du malouf, qui a été à l'honneur mardi dernier au soir, lors de la 4e soirée du Festival international du malouf, a dévoilé tous ses talents, au bonheur des nombreux mélomanes que le théâtre régional peinait à contenir. L'artiste Soraya Zbiri, un des symboles féminins de la musique andalouse constantinoise, et le chanteur Kamel Bouda ont créé la surprise de la soirée en s'associant pour un duo inédit relatant en chanson l'histoire de la passion d'un prince et d'une belle andalouse, et reproduisant une scène des jardins des délices d'un palais de Séville avec la qacida « Dam'i jara ». Avec sa voix sublime, Soraya mettait à l'épreuve son prince et Kamel Bouda répliquait avec une vibrante émotion, dans une causerie durant laquelle le public, les yeux rivés sur la scène, se délectait du spectacle et savourait l'harmonie des accords musicaux où les sons du luth, du mandole et du violon captivent, charment et transportent. Le duo, longuement applaudi, a donné, de l'avis des mélomanes, « un nouvel habillage vocal » à une qacida, interprétée par plusieurs artistes dont la mémoire vivante du malouf, Mohamed-Tahar Fergani. Avant le passage de Soraya Zbiri et de Kamel Bouda, Salim Fergani, qu'on ne présente plus, accompagné par son orchestre, avait ouvert la soirée avec la qacida « Ya achikin nar el habib », fusionnant authenticité et sensualité avant d'interpréter nouba Dhil, et un délicieux istikhbar, berçant le public aux rythmes de la musique savante. Après le spectacle, Salim Fergani a fait part de sa joie de voir « autant de jeunes talents perpétuant un art devenu l'identité de la ville ». Le chanteur Djamel Arras a pris le relais pour gratifier le public avec deux qacidas « Ya nass ma tar'dirouni » et « Sa'at haniya » avant d'interpréter une nouba Sika. La voix voluptueuse du chanteur a su créer une ambiance festive au théâtre, le public, ravi, répondant par de longues ovations et des youyous fusant de partout. Venu de La Coquette, Annaba, Dib Layachi a également donné le meilleur de lui-même en interprétant un mouachah, « Jadaka al ghaythou », qui produit son effet sur le public qui s'est levé pour saluer l'artiste. La quatrième soirée du Festival international du malouf de Constantine a été marquée par un hommage posthume à Amar Bouhaoual, connu sous le nom de Ferd Ettabiya, un des grands chanteurs du zadjel (une forme d'expression poétique en arabe dialectal) et figure emblématique dans la perpétuation de ce genre à travers la transmission orale. Ouvert samedi dernier sous le slogan « Le malouf, une pulsation dans le monde », la septième édition du Festival international du malouf se poursuivra jusqu'au 4 octobre prochain.