Sur les 33 membres de la mission de différentes nationalités, les dix-neuf experts de l'OIAC, arrivés à Damas mardi dernier, sont entrés en action pour éradiquer l'un des plus importants stocks d'armes de ce type, évalué par les spécialistes à plus de 1.000 tonnes, dont 300 tonnes de gaz moutarde et de sarin, répartis sur environ quarante-cinq sites. Le reste de l'arsenal serait composé d'éléments chimiques liquides, stockés sous forme binaire, c'est-à-dire sous la forme de deux produits chimiques, appelés « précurseurs », qui sont mélangés juste avant l'emploi. Un arsenal reconnu en grande partie « inutilisable », selon un rapport américano-russe. A pied d'œuvre, les inspecteurs de l'OIAC vont devoir passer en revue les différents sites de production d'agents chimiques déclarés par Damas et superviser leur destruction ou leur neutralisation d'ici le 1er novembre, au plus tard. Il est également prévu de démanteler les stocks d'armes chimiques au cours du premier semestre 2014, conformément à la résolution adoptée le 27 septembre par le Conseil de sécurité. Dans ce programme, sur la base de la divulgation des listes présentées par Damas, le passage à la phase de « la vérification, la destruction et la désactivation » de l'arsenal chimique couronne le processus qui se fonde, selon un responsable de l'OIAC à La Haye, sur des « méthodes expéditives » pour s'assurer que les sites ne sont plus utilisables et des « méthodes plus propres et plus durables » pour garantir la destruction des sites. « Aujourd'hui, c'est le premier jour de destruction au cours duquel des véhicules lourds vont écraser et détruire les ogives de missiles, les bombes chimiques ainsi que les mélangeurs et les unités mobiles et fixes de remplissage », a indiqué une source. Dans cette bataille décisive, Damas s'arme de transparence et de volonté de coopération, relevées par l'ONU. « Les documents remis par le gouvernement syrien semblent prometteurs », a déclaré, dans un communiqué, l'instance onusienne qui a toutefois précisé qu'« il faudrait des analyses complémentaires, notamment des schémas techniques ». C'est donc dans les délais impartis que la première liste a été rendue par la Syrie qui a également ouvert rapidement son territoire aux experts, chimistes et ingénieurs, parmi lesquels figurent des ressortissants des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies. Tous les clignotants sont au vert pour Damas qui entend « déjouer le piège » des armes chimiques. « Tout est unique dans ce cas, et cela aussi bien du point de vue technique que dans l'histoire moderne. Nous n'avons jamais détruit d'armes chimiques dans un pays en état de guerre », analyse le directeur de l'ONG The Trench et ancien chargé de recherche à l'Institut des études de sécurité à l'Union européenne, le Belge Jean-Pascal Zanders. Le précédent syrien a toutes les chances de trouver une issue définitive favorisée par la bonne volonté de Damas et nécessairement la contribution des pays voisins tenus de respecter la convention sur les armes chimiques qui interdit, dans son article premier, de « transférer, directement ou indirectement » des armes « à qui que ce soit ».