Avec le retour progressif de l'ordre institutionnel (au lendemain de l'élection présidentielle qui a porté Ibrahim Boubacar Keïta aux commandes du pays et les prochaines élections législatives prévues ces jours-ci, et la tenue récente des assises nationales sur la réconciliation nationale), le Mali et, dans une large mesure, la région du Sahel retrouvent un semblant de stabilité que la communauté internationale entend protéger en s'y impliquant davantage. C'est à partir du Mali, pays-clé de la région, fortement déstabilisé par les groupes terroristes, notamment ceux opérant sous la houlette d'al Qaïda, que le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, effectue, depuis hier, une visite qui le mènera également au Niger, au Tchad et au Burkina Faso. Accompagné d'une forte délégation (Banque mondiale, commission de l'Union africaine, commissaire au développement de l'Union européenne, Banque africaine de développement), le patron de l'ONU profitera de l'occasion pour faire le point notamment sur le déploiement, depuis juillet dernier, de la force de maintien de la paix, baptisée Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Le secrétaire général de l'ONU s'entretiendra, en plus des responsables maliens, avec le chef de cette force onusienne, Albert Koenders, qui avait appelé, la semaine dernière, au renforcement de la Minusma et des hélicoptères pour les Casques bleus pour répondre, avait-il expliqué, à la « précarité » de la situation sécuritaire dans le nord du pays. La Minusma ne compte actuellement que « 50% des troupes nécessaires ». Soit environ 6.000 hommes, essentiellement de pays africains, sur les quelque 12.000 prévus. Une occasion également pour le commissaire au développement de l'Union européenne, Andris Piebalgs, d'annoncer l'octroi de cinq milliards d'euros entre 2014 et 2020 aux pays du Sahel, considérée comme la « région prioritaire en Afrique ». « Cette région est à nos yeux la plus fragile en Afrique et les besoins en termes de développement et de sécurité y sont énormes », a-t-il souligné. Cette aide financière, prévue dans le cadre du 11e Fonds européen de développement (2014-2020), est supérieure d'un milliard à celle de la période précédente (2008-2013). Sur ce total, 3,9 milliards seront consacrés à l'aide bilatérale aux six pays de la région (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad). Le Mali recevra ainsi 615 millions d'euros jusqu'en 2020, en plus des programmes lancés récemment. « Notre approche est basée sur le principe que la sécurité est un préalable à la croissance et au développement », a-t-il poursuivi. Sur le terrain, la situation reste dominée par l'assassinat, samedi dernier près de Kidal, de deux journalistes français dont les corps doivent être rapatriés à Paris. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a fait savoir que des opérations étaient en cours, hier, dans le pays, pour retrouver « au plus vite » les auteurs du crime, en ajoutant que la France va renforcer « la sécurisation de l'ensemble de la zone et des zones voisines ». Des propos confirmés, hier, par la porte-parole du gouvernement français, Najat Vallaud-Belkacem. « Il y a près de 3.000 hommes français en place, il va sans doute falloir renforcer encore cette présence pour pouvoir faire reculer le terrorisme », a-t-elle annoncé.