Les membres du réseau, dont des sages-femmes et des femmes de ménage exerçant dans des hôpitaux publics, percevaient une somme allant de 7 à 14 millions de centimes pour une seule opération d'interruption de grossesse. Les pilules servant à ces avortements clandestins étaient fournies par des individus installés dans des pays étrangers, dont la France. L'enquête se poursuit toujours afin d'identifier ces derniers. Selon le chef de brigade de la zone industrielle à Réghaïa, l'adjudant, Abdelkader Dahmani, c'est suite à un renseignement sur des pratiques d'avortement clandestin dans plusieurs quartiers de la capitale, qu'une enquête a été déclenchée. Des éléments féminins de la police judiciaire relevant de la BRI (Brigade de recherches et d'investigations) de la compagnie de la Gendarmerie nationale de Rouiba ont été mobilisés, pour la première fois, dans cette enquête qui a permis en premier lieu, le démantèlement d'un réseau composé de trois femmes. Deux sont des femmes de ménage qui exerçent dans des hôpitaux publics à Alger, et la femme servait d'intermédiaire entre « les clientes » et les membres du réseau. Six pilules ont été saisies dans cette première affaire. « Une pilule est cédée entre 8.000 et 10.000 DA. Pour une seule opération, 8 comprimés sont nécessaires dont six pour provoquer l'avortement et deux autres pour arrêter l'hémorragie. Ces pilules, qui ne sont pas disponibles dans les pharmacies, sont ramenées illégalement de l'étranger, notamment de France », a expliqué le chef de brigade dans une conférence animée hier à Alger. L'interruption clandestine de grossesse coûte entre 7 et 14 millions de centimes. Des investigations poussées ont conduit à la neutralisation d'un autre réseau composé de cinq individus, dont un jeune chauffeur de taxi clandestin, qui transportait les membres du réseau, et deux sages-femmes activant au niveau des hôpitaux de la capitale qui étaient en possession de 18 pilules, d'injections et un matériel destiné à l'avortement. Le réseau, composé de sept femmes âgées de 30 à 58 ans, activait au niveau des quartiers de Rouiba, Aïn Naâdja, Kouba, Baraki, Dar El Beida, Réghaïa et jusqu'à Boudouaou, dans la wilaya de Boumerdès. L'enquête se poursuit toujours afin de neutraliser les « cerveaux » de ce réseau et les fournisseurs des produits, installés à l'étranger. « L'enquête avance, des têtes ont été identifiés et des lieux localisés », a précisé le chargé de l'enquête, sans autre détail. Les mis en cause ont été présentés, hier, devant le procureur près le tribunal de Rouiba pour détention et trafic de produits destinés à l'avortement.