«Aux portes d'Alger, s'étend sur un arc de cercle de trente lieues, du Chenoua (à l'ouest), au Corso (à l'est), une plaine qui sépare le Sahel de l'Atlas. Cette plaine est la Mitidja que les Arabes ont célébrée pour sa fécondité et ses richesses en l'appelant la mère des pauvres, cette ennemi de la faim». Une région qui a fait couler beaucoup d'encre et continue de susciter intérêt et interrogation, notamment dans l'ouvrage «la Mitidja, 20 ans après, réalités agricoles aux portes d'Alger», édité chez les Editions Alpha, préfacé par l'ancien ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou, dans lequel les auteurs brossent le portrait d'une Mitidja à double face. D'un côté, elle affiche des richesses agricoles inestimables et d'un autre, elle manifeste des défaillances dans la gérance de ses potentialités. Dans ce livre signé par les experts Amar Imache, Tarik Hartani, Dami Bouarfa et Marcel Kuper, la Mitidja d'aujourd'hui est passée au peigne fin, en faisant projection sur l'impact de la réforme foncière de 1987, grâce à laquelle une multitude d'exploitations agricoles ont émergé. Les auteurs font remarquer que les résultats de cette réforme sont visibles aujourd'hui, sur les marchés d'Alger notamment approvisionnés en fruits et légumes, en provenance de cette région bien qu'en quantités insuffisantes. Car, malgré son grand potentiel, la Mitidja reste inexploitée. Ceci est dû, entre autres, expliquent les auteurs, à la présence dans la région de locataires agriculteurs dont le statut est ambigu. Ils sont, en effet, plus nombreux que les attributaires et ne bénéficient généralement que de contrats de courtes durées, renouvelables s'il n'y a pas mésentente sur le loyer. Cela dit, font-ils savoir, des jeunes locataires, à force d'acharnement, ont réussi à obtenir des contrats à long terme, contribuant à faire naître de nouveaux modèles d'exploitation agricoles et à diversifier les systèmes de production. Ces jeunes locataires se sont investis dans le maraîchage au lieu de l'arboriculture qui prédomine dans la région. Par ailleurs, la formation dans ce domaine est un maillon fort qui doit être, appellent-ils, à être renforcé. D'autant plus, soulignent-ils, que l'Algérie fait face aujourd'hui à de nouveaux défis tels la sécurité alimentaire et le développement durable. D'où la nécessité de former les ingénieurs agronomes ainsi que les agriculteurs dont la plupart ne disposent que d'une formation technique. D'où également l'engagement de l'Ecole nationale supérieure d'agronomie, observent-ils, autour d'un projet de formation d'excellence soutenue par la décision de mettre en place un observatoire de recherche agronomique. Le but, révèle-t-on dans cet ouvrage, est de travailler dans le sens d'un décloisonnement total en vue de favoriser le processus de transfert technologique et scientifique ainsi que d'atteindre une plus grande visibilité internationale. Pour cela, les ingénieurs doivent s'adapter au marché national du travail et s'affirmer comme des leviers d'un développement permanent, en vue d'élever les entreprises algériennes à un niveau international. Car, estiment les auteurs, «la ressource humaine est l'avenir de notre pays, l'or noir n'étant pas éternel, nous sommes condamnés à bâtir notre développement sur la base de notre or gris». En outre, l'agriculture dans la Mitidja se heurte à une problématique de l'eau, révèle-t-on, et ce, malgré la présence en abondance de ce liquide, de surface notamment, dans la région.