Photo : Slimene S.A. La date d'entrée en vigueur de la zone de libre échange entre l'Algérie et l'Union européenne prévue à partir de 2017 et qui implique un démantèlement tarifaire complet « est remise aux calendes grecques », nous a déclaré un responsable au ministère du Commerce. Cette hypothèse découle de la demande de l'Algérie de révision de cet accord intervenu en 2005 et qui a été ce qu'on peut appeler à « sens unique », de l'avis de nombreux experts et responsables, c'est-à-dire qu'il a été loin de profiter à l'économie algérienne. Une première rencontre d'évaluation de cet accord a été tenue en juin dernier et l'Algérie est train de dresser la liste des produits qui ne doivent plus entrer sur son territoire sans droits de douane, une situation qui fragilise des pans entiers de l'économie (produits industriels et agricoles). Cette décision avait déjà été rendue publique au lendemain de la réunion d'évaluation qui a impliqué le ministre des Affaires étrangères en personne. Quant au contenu de cette liste et les produits qui seront concernés, notre interlocuteur a reconnu qu'il est « prématuré » d'en dévoiler la teneur au motif qu'elle doit être au préalable « avalisée par une commission ministérielle ».M. Benbada, ministre du Commerce, au lendemain de sa succession à M. Djaboub, avait pour sa part, parlé de « révision de certains taux ou carrément de la suspension de la franchise des droits de douanes » L'Algérie qui a fait part de ses griefs auprès de ses partenaires européens sur les déséquilibres nés de cet accord avait engagé ussitôt des discussions avec l'UE. Elle a invoqué un « bilan négatif de échanges et des déséquilibres des intérêts sur les trois dernières années ». D'ailleurs, la suppression des droits des douanes a « entraîné en 2009 un manque à gagner de 2,2 milliards de dollars alors que les flux d'investissements européens vers l'Algérie sont à peine 500 millions de dollars ». Les consultations se sont déroulées « conformément aux articles 4 et 11 de l'accord d'association qui prévoit une clause dite de rendez-vous tous les cinq ans à l'évaluation de sa mise en application ». L'Algérie a commencé à s'inquiéter des etombées de tous ses accords de libre échange destinés à marquer une ouverture sur l'économie mondiale, avec l'UE ou avec le monde arabe. Ce dernier accord instaurant la Zale (zone arabe de libre échange) entrée en vigueur en 2009 n'a pas manqué de faire réagir les pouvoir publics qui ont décidé de limiter les exemptions aux produits qui ne concurrencent pas la production nationale. Quant à l'accord avec l'Union européenne, datant de 2002, le premier signé par l'Algérie, avec une zone économique avec laquelle elle assure 65 % de commerce, il prévoit, à l'horizon de 2017, une zone de libre échange qui consacre définitivement l'ouverture des frontières et la suppression totale des barrières tarifaires et non tarifaires pour les produits en provenance du marché européen. Dès l'entrée en vigueur de l'accord, plus de 2300 produits de l'Union européenne ont été exemptés de droits de douane, avec une baisse progressive des droits de douane sur une période de sept ans, pour 1100 produits industriels finis et un démantèlement graduel sur dix ans pour 2000 autres biens de consommation, soumis à des taux allant de 15% à 30%.