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« La musique classique est un apprentissage de la démocratie idéale » Rencontre avec Karima Bouchtout, commissaire du festival de la musique andalouse sanaâ
Le 7e festival de la musique andalouse sanaâ occupe une place importante dans le champ musical en Algérie. C'est quoi la nouveauté de cette édition ? Avoir 7 ans d'existence, pour un festival, signifie l'âge de la consolidation de l'ossature et des organes de fonctionnement et, donc, l'âge de la maturité. Cette 7e édition marque la fin d'un cycle de mise en valeur de talents qui se sont mesurés les uns aux autres durant six ans et qui, depuis, ont évolué, se sont affirmés et confirmés dans la maîtrise de la musique andalouse dite de l'Ecole d'Alger, bien que ces talents soient de Béjaïa, Blida, Boufarik, Cherchell, Koléa, Mascara, Mostaganem ou d'autres villes encore. Pour cette année, on notera la participation de dix formations, notamment les associations « Les amis de Sadek Bedjaoui » de Béjaïa, « El Djazaïria El Moussilia » d'Alger, « Dar El Ghernatia » de Kolea, « Ibn Badja » de Mostaganem, « Djenadia » de Boufarik, « El Kaissaria » de Cherchell, « Les beaux arts » d'Alger, « El Amraouia » de Tizi Ouzou, « Errachidia » de Mascara et « Cordoba » d'Alger. La nouveauté de cette édition est que nous n'avons pas procédé à une présélection des associations. Nous avons fait appel aux lauréats des précédentes éditions. C'est-à-dire... Pour cette année, le comité d'organisation du festival, voulant marquer la maturité de cette institution culturelle, a décidé de mettre en place une sorte de « top-ten » des sélections antérieures et d'organiser une joute musicale entre ces meilleures formations de musique andalouse primées précédemment. Ce festival possède un moment fort dans son programme, c'est l'hommage rendu à Cheikh Sadek El Bedjaoui. Pouvez-vous nous en parler ? Le festival a grandi, devenant de plus en plus professionnel. Il faut juste souligner que nous devons cela aux encouragements du ministère de la Culture et aux efforts conjugués de toute une équipe, soudée et passionnée de cette musique. Nous dédions cette édition à l'œuvre du Cheikh Sadek El Bedjaoui. Nous rendons un hommage à ce maître de la poésie musicale andalouse, ce ténor des qacidate et noubate de l'Ecole d'Alger, mais aussi du genre haouzi. Nous avons choisi, sciemment, un slogan amazigh « ithran », les étoiles. En effet, ce sont les étoiles, des stars de la musique sanaâ d'Alger qui vont, durant une semaine, s'affronter et rivaliser de virtuosité pour mériter le trophée de cette septième édition, placée sous la bannière du grand maître de la musique andalouse sanaâ que fut le regretté Sadek El Bedjaoui. Cheikh Sadek El Bedjaoui est sans conteste considéré comme l'un des grands maîtres de la musique andalouse sanaâ. Il laisse derrière lui, un répertoire de près de 260 œuvres. Il est connu pour son œuvre musicale mais également pour son travail de transmission. Cheikh Sadek El Bedjaoui demeure l'un des plus grands hommes de la musique algérienne classique. A la lumière des expériences des éditions précédentes, quels sont les correctifs que vous apportez ? Nous tablons sur la connaissance et le savoir. Ces derniers sont des éléments moteurs qui nous donnent la perspective de parfaire l'action que nous menons, celle de former, de diffuser, de mettre la connaissance à la portée des musiciens quel que soit leur niveau. C'est quoi la particularité de la musique classique ? La musique classique est un apprentissage de la démocratie idéale. On apprend à écouter les autres. Avez-vous remarqué parmi ces jeunes musiciens des talents qui se distinguent par rapport à l'ensemble ? Dans toutes les associations, il existe forcément un musicien ou une musicienne qui se détache par des qualités et des prouesses. Cela dit, nous ne sommes pas habilités à nous occuper de cela, car nous avons placé un jury composé de spécialistes de la musique. Ils sont au nombre de cinq. Ils sont chargés de juger, noter et d'évaluer le niveau des formations participantes. Le jury mis en place a la tâche difficile et délicate de sélectionner parmi elles les trois meilleures associations et de leur décerner le trophée de la 7e édition. Nous avons appris qu'un nouveau comité est installé, qu'en est-il ? Comme pour chaque festival institutionnalisé, celui de la musique andalouse sanaâ dispose d'un comité d'organisation nommé par décision ministérielle. Ce comité fonctionne en équipe où chacun des membres, en plus des fonctions qui lui sont dévolues, apporte des contributions transversales pour la bonne marche du projet. En plus de ses ressources internes, le comité n'hésite pas à faire appel à des compétences externes spécialisées dans divers domaines de compétences. Moi même je suis directrice de l'Institut national supérieur de musique (INSM) depuis 2009, et commissaire de ce festival. Je suis secondée dans ma tâche par Abad Mohamed, titulaire d'un doctorat en musicologie du conservatoire Tchaïkovski de Moscou, il enseigne à l'INSM depuis 25 ans et est chargé des relations avec les artistes. Nacereddine Baghdadi, est directeur des archives de la radio nationale, il est également chercheur en musicologie et s'occupe aussi des aspects musicaux et des relations avec les artistes. Mme Hamida Agsous est conseillère au ministère de la Culture, Mme Agsous assure, notamment, au sein de l'équipe, tous les aspects administratifs et organisationnels du festival. Mme Nadia Cherriet est conseillère au ministère de la Culture, elle prend en charge les aspects de communication et les relations avec la presse. Mahfoud Khalfi, musicien et chargé de l'administration et des finances à l'INSM, gère les finances et la comptabilité du festival.