Encore en bas âge, Habib avait eu le privilège d'aller à La Mecque accompagné de sa mère, de son père, de son oncle maternel et de son frère avec la troupe comptant les soixante-quinze premières personnes qui avaient d'une part, prêté allégeance solennelle au Prophète (QSSSL), à Al-`Aqabah, et qui avaient joué un rôle fondamental dans la fondation du préliminaire historique de l'islam, d'autre part. Étant donné qu'il était encore d'un très jeune âge il n'a pas participé à la Bataille de Badr et n'a pas eu l'occasion de prendre part à la Bataille d'Uhud. En effet, il était considéré encore trop jeune pour porter les armes. À la neuvième année après l'Hégire, l'Islam s'était amplement propagé et fini par devenir la force dominante dans la péninsule Arabique. Des délégations de plusieurs tribus en provenance de diverses terres lointaines venaient à la rencontre du Messager de Dieu — paix et bénédictions sur lui — et lui annonçaient par un succinct tête à tête leur adhésion de l'Islam. Parmi ces délégations, il en était une qui provenait du Najd, une région montagneuse. C'était les Banû Hanifah. Ils avaient mandaté Musaylamah Ibn Habîb comme le porte-parole et le représentant de l'ensemble de la délégation. Ce dernier alla chez le Prophète (QSSSL) pour lui annoncer que son peuple venait pour adhérer à l'Islam. De son côté, Le Prophète (QSSSL) les accueillit et les traita de manière très généreuse. Une fois retourné dans le Najd, l'ambitieux et égoïste Musaylamah se rétracta et abandonna alors l'allégeance jusqu'ici promise au Prophète. Il s'éleva parmi la population et déclara qu'un prophète (QSSSL) avait été envoyé par Dieu aux Banû Hanifah tout comme Dieu avait envoyé Mohamed Ibn Abdillâh (Paix et Bénédictions de Dieu sur lui) aux Qurayshites. Pour diverses raisons ainsi que sous l'effet d'une panoplie de contraintes, les Banû Hanifah commencèrent alors à se rallier autour de lui. La plupart l'on suivi par sectarisme tribal. En effet, un des membres de la tribu déclara ce qui suit : " Je témoigne que Mohamed est évidemment un véridique tandis que Musaylamah est évidemment un imposteur. Mais l'imposteur de Rabi`ah (une confédération tribale à laquelle les Banû Hanifah appartiennent) m'est plus cher que l'authenticité et la véracité de la personne de Mudar (une confédération tribale à laquelle les Qurayshites appartiennent)". Peu de temps après, le nombre des fidèles de Musaylamah augmenta ce qui lui permit de se sentir puissant, en tout cas suffisamment rassuré pour qu'il puisse rédiger au Prophète — paix et bénédictions sur lui — la lettre suivante : "De la part de Musaylamah, le messager de Dieu à l'attention de Mohamed, le messager de Dieu. Que la Paix soit sur toi. Je suis disposé à partager cette mission avec toi. J'aurai [le contrôle sur] la première moitié de la terre et tu auras la seconde moitié. Mais les Qurayshites ne sont pas des gens faciles." Musaylamah dépêcha alors deux de ses hommes avec la lettre chez le Prophète (QSSSL). Lorsque la lettre a été lue au Prophète (QSSSL), il demanda aux deux hommes : " Et vous, que pouvez-vous dire à propos de ceci [le contenu de la lettre] ? ". À eux de répondre : " Nous confirmons ce que la lettre dit". " Par Dieu, " dit Le Prophète, "s'il n'était pas interdit de tuer les émissaires, je vous aurais bien tordu le cou ". Il répondit alors au message de Musaylamah : " Au nom de Dieu, Le Bienfaisant, Le Compatissant. De la part de Mohamed le Messager de Dieu, à l'attention de Musaylamah l'imposteur. Que la Paix soit sur ceux qui suivent le droit chemin. Dieu léguera la terre à quiconque parmi Ses serviteurs selon Sa volonté, tandis que le triomphe final reviendra à ceux qui se seront ajournés de leurs devoirs vis-à-vis de Dieu ". Il envoya alors la lettre et renvoya les deux hommes. Mais le mal ainsi que la corruption de Musaylamah ne cessèrent de gagner du terrain. Le Prophète (QSSSL) considéra alors qu'il était nécessaire de lui adresser une seconde lettre l'exhortant d'arrêter cette malheureuse quête. Le Prophète (QSSSL) désigna Habîb Ibn Zayd comme porteur de ce message à Musaylamah. En ce temps là, le tout jeune Habîb était en son âme et conscience un fervent croyant en la véracité de l'islam. Habîb se chargea alors de sa mission avec promptitude. Le jour venu, Musaylamah était en train de présider sa séance. Autour de lui se tenaient ses proches conseillers qui le servent dans cette vile cause. Il ordonna que Habîb, alors prisonnier et mis aux fers, lui soit présenté face à face. Au milieu de la foule animée par la haine, Habîb était-là débout. Il conserva une station toute droite et continue, digne et fier aux allures même d'une lance robuste fermement plantée dans la terre ; il n'était nullement impressionné. Musaylamah se tourna et lui dit : "Témoignes-tu que Mohamed est le Messager de Dieu ? " "Oui" répondit Habîb. " Je témoigne que Mohamed est le Messager de Dieu. " Visiblement cette réponse envenima à nouveau Musaylamah qui poursuit : "Et témoignes-tu que je suis le messager de Dieu ? " Au delà de cet interrogatoire il insistait même. " Mes oreilles n'entendent pas ce genre de propos" répliqua Habîb. Musaylamah cria à son tortionnaire “Ampute-lui quelque chose de son corps.” Le sombre tortionnaire s'avança vers Habîb avec un sabre à la main et lui amputa un de ses membres. Musaylamah lui répéta encore la même question et une fois de plus Habîb ne changea en rien de ce qu'il venait de répondre. Il affirma qu'il croit en Mohamed en tant que Messager de Dieu et qu'au prix même de sa propre vie il refuse de reconnaître le partage de la mission [prophétique]. Sur ce, Musaylamah ordonna à son acolyte d'amputer de nouveau Habîb d'une partie de son corps. Celui-ci tomba à terre à coté du premier membre qui venait d'être coupé. Habîb continua de répéter : “J'atteste que Mohamed est le Messager de Dieu.” Mais Habîb ne pouvait plus continuer à supporter cette torture et de pareilles atrocités inhumaines. Par conséquent, il ne tarda pas à mourir. À mesure que son sang s'écoulait, ses lèvres pures insistaient encore sur le nom du Prophète béni, le Prophète Mohamed, celui à qui il avait jadis prêté serment d'allégeance lors d'une nuit à Aqabah.