Le président du Soudan du Sud, Salva Kiir Mayardit, a affirmé, hier, avoir déjoué une tentative de coup d'Etat. « Il y a une tentative de coup d'Etat, mais ils ont échoué et nous avons le contrôle » de la situation, a déclaré à la presse le chef de l'Etat. « Les assaillants ont fui et nous sommes à leur poursuite », a-t-il ajouté, mettant en cause des soldats fidèles à l'ancien vice-président Riek Machar, son rival limogé en juillet, et accusé d'être l'auteur du coup d'Etat avorté. « Nous avons procédé à des arrestations », a poursuivi M. Kiir, annonçant la mise en place d'un couvre-feu de 18h à 6h (15h à 3h GMT), dans la capitale Juba « jusqu'à nouvel ordre ». D'intenses combats se sont déroulés, durant la nuit de dimanche à lundi, à Juba, qui est quadrillée par les forces de sécurité. Selon Salva Kiir, les combats ont commencé avec « l'attaque du QG de la SPLA (Armée nationale sud-soudanaise) (...) par un groupe de soldats alliés à l'ancien vice-président, Riek Machar, et son camp », qualifié de « prophète de malheur », en référence à la scission survenue alors au sein de la rébellion sudiste. Sans trop tarder, le président soudanais, Omar El Bachir, l'a appelé pour discuter de la situation sécuritaire dans le pays. Pour sa part, la représentante du secrétaire général de l'ONU au Soudan du Sud, Hilde Johnson, a exhorté « les parties belligérantes à cesser les hostilités et à faire preuve de retenue ». Le Soudan du Sud est en proie à de graves tensions politiques depuis le limogeage, avec l'ensemble du gouvernement, de Riek Machar, qui avait annoncé son intention de présenter sa candidature à la présidentielle de 2015. Ce limogeage avait laissé craindre le syndrome de la guerre civile, alimenté par les clivages entre les partisans de M. Kiir, issus pour la plupart de l'ethnie Dinka, et ceux de la communauté Nuer de M. Machar. Le 6 décembre, lors d'une conférence de presse, l'ancien vice-président, accompagné de Rebecca Garang, veuve de John Garang, père de la nation sud-soudanaise, et de deux ministres limogés, avait dénoncé l'attitude « dictatoriale » du président Kiir. Sa déclaration avait étalé pour la première fois, au grand jour, les dissensions au sein des dirigeants du régime.