Le président du Soudan du Sud Salva Kiir a nommé au poste de vice-président l'ancien commandant rebelle James Wani Igga, qui préside l'Assemblée législative, a annoncé la radio d'Etat, avant-hier. Le 23 juillet, le chef de l'Etat sud-soudanais avait annoncé, à la surprise générale, le limogeage de l'ensemble de son gouvernement, dont le vice-président Riek Machar, et il avait formé une nouvelle équipe à la fin juillet. Riek Machar, rival politique du président Salva Kiir, avait ensuite réaffirmé qu'il affronterait l'actuel chef de l'Etat dans les urnes en 2015. M. Machar est une personnalité charismatique mais controversée, lui qui avait fait temporairement défection de la rébellion sudiste au profit de Khartoum durant la longue guerre civile (1983 à 2005). C'est une figure respectée au sein de son ethnie Nuer, à laquelle appartient une bonne part des hommes de rang de l'armée sud-soudanaise. Pour le choix de son nouveau vice-président, Salva Kiir devait notamment tenir compte de complexes rivalités ethniques dans la jeune nation sud-soudanaise, indépendante depuis le 9 juillet 2011. Vice-président du parti au pouvoir, le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), James Wani Igga appartient au groupe ethnique des Baris. Le choix d'Igga permet notamment au président d'atténuer les critiques de ceux qui considèrent que trop de pouvoir a été accordé à l'ethnie Dinka, dont sont issus la plupart des hauts responsables sud-soudanais. Le limogeage de tout le gouvernement, inattendu, avait laissé craindre un retour des clivages de la guerre civile, entre les partisans de Kiir majoritairement Dinkas et le groupe ethnique des Nuers de Machar, mais le pays avait réagi dans le calme. Aujourd'hui souvent vêtu de costumes soigneusement coupés agrémentés de cravates colorées, Igga est un ancien commandant de la force rebelle pendant la guerre civile. Agé de 64 ans, de religion catholique, il a grandi à l'époque de la première guerre civile soudanaise entre Nord et Sud, qui dura de l'indépendance du Royaume-Uni en 1956 jusqu'à l'accord de paix de 1972. Alors qu'il étudiait les sciences économiques au Caire, il avait d'abord défendu les droits des Soudanais du Sud à l'étranger. Puis, de retour au Soudan, il avait rejoint les rebelles en 1985 et suivi un entraînement militaire en Ethiopie et à Cuba avant de devenir commandant de la rébellion. Igga préside depuis 2005 l'Assemblée législative créée après la signature de l'accord de paix de 2005 qui octroyait une large autonomie aux Etats sudistes.