Les négociations entre le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergeï Lavrov, et l'émissaire des Nations unies pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, dans l'espoir de réussir la conférence de paix sur la Syrie, se sont poursuivies hier. Les trois hommes ont appelé à un « cessez-le-feu limité » en Syrie avant le début des pourparlers, et à des échanges de prisonniers entre la rébellion et le gouvernement. Ils ont plaidé aussi pour l'ouverture de couloirs humanitaires. Néanmoins, Washington et Moscou n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur une participation de l'Iran à Genève II. Lavrov et Brahimi ont plaidé l'implication directe de Téhéran. John Kerry a évoqué l'éventuelle présence de l'Iran si ce dernier acceptait les principes de la transition politique en Syrie définis par la première conférence à Genève, le 30 juin 2012. Une proposition que rejette catégoriquement la République islamique. Autre souci majeur : la participation de la Coalition de l'opposition établie à l'étranger. Soumise à d'intenses pressions, notamment par ses alliés occidentaux, et profondément divisée, y compris sur le plan militaire, elle n'a pas encore pris de décision. Elle pourrait le faire le 17 de ce mois lors d'un conclave. Probablement à Istanbul. Comme toute perspective d'un règlement politique du conflit reste ainsi suspendue à cette « question », - d'autant plus que le gouvernement syrien s'est dit prêt pour des pourparlers sans conditions -, les tractations se multiplient, notamment entre les deux initiateurs de la conférence, les Etats-Unis et la Russie. Une réunion des Amis de la Syrie, qui regroupe les onze pays occidentaux et arabes soutenant l'opposition, s'est achevée, dimanche à Paris, sans parvenir à convaincre le Conseil national syrien (CNS), le mouvement qui constitue le plus gros des troupes de l'opposition. Selon plusieurs sources diplomatiques, les ministres des Affaires étrangères des onze pays tentent de renforcer l'assise de M. Jarba, favorable au dialogue et, par-delà, inciter les récalcitrants à se rendre en Suisse « pour éviter que le régime de Damas ne fasse porter l'échec de ces négociations à ses adversaires ». S'adressant à tous ceux, dans son camp, qui redoutent que l'ouverture de pourparlers ne contribue qu'à consolider le pouvoir syrien, le président de la coalition a souligné : « Nous sommes tous d'accord pour dire qu'il n'y a pas d'avenir pour Bachar Al Assad et pour sa famille en Syrie. Son départ est inexorable. » Un préalable rejeté, dans le fond et la forme, par Damas. Et c'est le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Mokdad, de réaffirmer le même jour que son gouvernement « transmettra les directives du Président (syrien) tout au long des négociations ». « C'est M. Al Assad qui a le dernier mot en Syrie », a-t-il martelé. Autant dire que l'ouverture des négociations est loin d'être acquise. Même si la Russie qui est pleinement engagée dans la réussite du rendez-vous a délégué son chef de la diplomatie pour rencontrer M. Jarba afin de persuader l'opposition d'aller à Genève.