La conférence de paix sur la Syrie, qui s'est terminée, vendredi dernier, à Genève, après dix jours de négociations, reprendra le 10 février prochain, selon Lakhdar Brahimi, le médiateur de l'ONU pour ce conflit qui a fait plus de 130.000 morts et neuf millions de réfugiés, depuis mars 2011. Si l'opposition a donné déjà son accord pour ce troisième round, la délégation du gouvernement syrien réserve sa réponse à l'après-consultations qu'elle aura à Damas. Entre les deux rounds, Ahmad Jarba, le chef de l'opposition, qui était, hier, à Munich, à la conférence sur la sécurité qui réunit le gratin de la défense et de la diplomatie internationales, se rendra à Moscou le 4 février 2014. Brahimi recevra-t-il, à Genève 3, une délégation de l'opposition élargie et des belligérants prêts à discuter de la mise en œuvre du communiqué de Genève I ? Pas sûr. Un univers sépare les deux délégations. Ahmad Jarba s'en tient à une seule revendication : le départ immédiat d'Al Assad. Damas, qui estime que la délégation de l'opposition à la conférence « ne représente qu'une petite formation » et qu'elle « doit être élargie à l'avenir » à l'opposition nationale qui se trouve à l'intérieur du pays, refuse de céder sur la transition politique. Encore moins entendre parler du départ d'Al Assad. « Ni dans ce round ni dans le prochain, ils ne pourront obtenir du gouvernement aucune concession », clame Omrane Al Zohbi, le ministre syrien de l'Information. Walid Mouallem, le chef de la diplomatie syrienne, met en cause le « manque de responsabilité et de sérieux » des dirigeants de l'opposition et « leur volonté de faire imploser la conférence, comme si nous venions là pour une heure et devions tout leur céder ». « Le président Bachar Al Assad et le gouvernement seront les premiers à lire notre rapport sur ce qui s'est produit au cours de cette semaine, et après la discussion au gouvernement et avec nous, la décision de notre participation au prochain round de négociations, prévu le 10 février prochain, sera adoptée », assure-t-il. Comme Damas affirme que la priorité des priorités est la lutte antiterroriste, la fin des ingérences étrangères et des livraisons d'armes étrangères aux terroristes, il est fort probable qu'elle n'envoie personne en Suisse en février. Malgré ces désaccords, Brahimi, qui reste fidèle à sa politique de petits pas, refuse de lâcher prise. « Cette conférence dite de Genève 2 est un début très modeste, mais c'est déjà un début (...) sur lequel on peut construire », estime-t-il, relevant au passage, « quelques points de convergence ». « Les deux parties ont pris l'habitude d'être dans la même pièce », soutient-il, pour illustrer ce « démarrage très difficile » et « les positions très éloignées ». Les Américains qui ont vu le régime marquer des points, et à la conférence et sur le terrain, haussent le ton. « Damas doit respecter ses obligations globales, légales et internationales. Le monde est témoin d'une catastrophe humanitaire qui se déroule sous nos yeux », prévient John Kerry. Les onze principaux pays du groupe des Amis de la Syrie (Egypte, France, Allemagne, Italie, Jordanie, Qatar, Arabie saoudite, Turquie, Emirats arabes unis, Grande-Bretagne, Etats-Unis) accusent le régime de Bachar d'être « responsable de l'absence de réels progrès » et de pratiquer « l'obstruction ». « Nous sommes scandalisés par la poursuite du régime de sa stratégie ‘Mourrez de faim ou rendez-vous !' qui empêche des centaines de milliers de personnes à Damas, Homs ou ailleurs de recevoir de la nourriture ou des médicaments », écrivent-ils dans un communiqué rendu public vendredi à Paris. Dans certains chancelleries occidentales, on évoque déjà le besoin de changer de méthode. Certains préconisent le modèle qui a servi à la signature de l'accord de paix sur le Cambodge.