Les négociations de Genève II sur la Syrie ont débuté sur de mauvaises bases. Elles risquent de s'arrêter bien avant le 31 janvier. Peut-être dès aujourd'hui. Lakhdar Brahimi, l'envoyé spécial de l'ONU et de la Ligue arabe, n'a pas pu réunir les quinze émissaires du président Bachar al-Assad menés par Walid Mouallem, le ministre des Affaires étrangères, et les quinze membres de l'opposition en exil sous la conduite de Ahmad Jarba, le chef de la Coalition syrienne, dans la même pièce, où il aurait pris seul la parole pour « fixer les règles de la discussion ». Raison de cet échec : le sort d'al Assad. L'opposition, qui a accepté jeudi soir, de se retrouver, hier matin, dans une même salle avec les représentants du régime avant l'entame du dialogue via l'émissaire, a changé d'avis. Elle exige avant toute discussion directe que Damas accepte le principe d'un gouvernement de transition sans Assad. « Nous ne voulons pas nous asseoir avec eux tant que le régime n'aura pas accepté » Genève I, affirme Nazir al-Hakim, membre de la délégation de l'opposition. Mouallem rappelle que cette exigence est une « ligne rouge » qui pourrait faire capoter la conférence. « Assad restera au pouvoir jusqu'à la tenue d'un scrutin qui doit être démocratique et auquel tous ceux qui le désirent pourront se présenter », dit-il menaçant de quitter Genève s'il n'y a pas de négociations constructives d'ici aujourd'hui samedi. « Le problème de ces gens est qu'ils ne veulent pas faire la paix, ils viennent ici avec des pré-conditions », déclare Fayçal Moqdad, vice-ministre syrien des Affaires étrangères, qualifiant la revendication d'un départ d'Assad d'« illusions ». Comme si cet impossible dialogue ne suffisait pas, les deux parties se traitent de tous les noms. Damas présente les opposants comme des « traîtres au service de l'étranger qui se seraient vendus au plus offrant ». Ahmad Jarba accuse les délégués d'Al Assad de « criminels ». Pour sauver le processus de Genève englué dans deux logiques qui s'affrontent, Brahimi se concentre sur la recherche de premières mesures visant à soulager la population. Comme l'acheminement de l'aide humanitaire, des cessez-le-feu localisés, notamment à Alep, l'échange de prisonniers. Au moment où l'ONU tente de rapprocher les belligérants, John Kerry ressort l'envoi des forces de maintien de la paix en Syrie. « Il y a plusieurs pays qui se sont portés volontaires pour cette force », dit-il.