Jan Eliasson, le vice-secrétaire général de l'ONU, et Thabo Mbeki, l'ancien président de l'Afrique du Sud, appellent à l'arrêt des flux financiers illicites provenant de l'Afrique car « ils portent préjudice aux individus, au développement et à la gouvernance du continent en général ». Selon les estimations, plus de 50 milliards de dollars sont perdus chaque année par le continent noir à cause de ces flux, un montant beaucoup plus important que l'aide au développement investie en Afrique. Lors des travaux d'un panel de haut niveau sur les flux financiers illicites provenant de l'Afrique, une instance créée en 2012 par la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique et l'Union africaine, Eliasson a qualifié de « stupéfiant » ce chiffre de 50 milliards de dollars. « Si nous arrivons à mettre fin aux pertes des ressources de l'Afrique dues à la sortie illicite de fonds, ces ressources pourraient être utilisées à satisfaire les besoins des peuples du continent et à investir dans un avenir meilleur », dit-il. « Les fonds perdus sont générés en Afrique, appartiennent aux Africains, mais sont perdus de façon illégale », estime M. Mbeki. Selon l'ONU, près de 60% de ces flux proviennent des activités des entreprises multinationales et près de 30% d'activités purement criminelles, dont le trafic de drogue, la traite des êtres humains et la corruption. « Nous devons comprendre le problème de ces flux illicites, aussi bien du point de vue des pays pourvoyeurs que des pays récipiendaires afin que nos recommandations prennent en compte les deux maillons de la chaîne », explique l'ancien président sud-africain. Selon ce dernier, le rapport final du panel sera rendu public en juin 2014. « Il contiendra, selon l'ONU, une description du problème et des propositions concrètes pour résoudre ces flux financiers illégaux. » Mais avant ce compte rendu, Addis-Abeba accueillera, es 26 et 27 avril prochain, la troisième édition du forum de haut niveau sur les flux financiers illicites et leur impact sur la sécurité du continent africain. Selon un rapport de Global Financial Integrity, une organisation non-gouvernementale basée à Washington, les flux financiers illicites dans les pays en développement ont atteint 946,7 milliards de dollars en 2011.