Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz, a réuni, hier, à Nouakchott, au Centre international des conférences, ses homologues malien, nigérien, tchadien et burkinabé, respectivement Ibrahim Boubacar Keïta, Mahamadou Issoufou, Idriss Deby Itno et Blaise Compaoré. Objectif de ce sommet d'une journée, placé sous le thème « sécurité et développement » : trouver des solutions adéquates aux nproblèmes économiques, sociaux et sécuritaires auxquels font face leurs pays respectifs. Le volet sécuritaire a constitué incontestablement le sujet vedette. La prolifération des groupes terroristes, le trafic d'armes et des stupéfiants exposent le Sahel à tous les dangers et à l'instabilité. « Les menaces sécuritaires que la région du Sahel endure depuis plus d'une décennie ne cessent de nous rappeler que la lutte contre le terrorisme et le crime organisé exige une vigilance de chaque instant et une action multidimensionnelle de longue haleine », a déclaré le président mauritanien à l'ouverture du sommet, soulignant que « la persistance de ce fléau dans l'espace sahélien représente un défi d'autant plus majeur qu'il vient s'ajouter aux contraintes du développement durable et de la lutte contre la pauvreté ». « Il n'est de développement durable sans sécurité ni de sécurité pérenne sans développement effectif », poursuit-il avant d'inviter ses pairs à « coordonner leurs politiques sécuritaires » et « initier des projets structurants pour le développement de la sous-région ». Selon lui, les cinq pays gagneraient à « être vigilants face aux menaces sécuritaires qui persistent » et à « améliorer la coordination entre eux » dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et le crime organisé (trafic de drogue, d'armes, rapts d'otages occidentaux). Selon certains médias, deux points ont dominé les discussions. Le premier : la coopération sécuritaire. Les chefs d'Etat de la sous-région ont planché sur les voies et moyens qui leur permettraient de « faire face à la menace que font peser sur leurs Etats, notamment dans des zones désertiques difficiles d'accès, l'Aqmi et les narcotrafiquants ». Ould Abdelaziz, qui a salué la « bravoure » des 2.000 soldats tchadiens au Nord du Mali où ils ont « délogé les bandes armées de leurs repaires » et rappelé que la Mauritanie, qui est intervenue en Mali en 2010 et 2011 pour détruire des bases d'Aqmi, a « assuré l'inviolabilité de ses frontières face aux bandes armées en débandade » en 2013, estime que « ces expériences accumulées » permettront aux cinq pays « d'adapter leurs réponses à ces défis sécuritaires » et « de parfaire leurs outils et modes d'action ». Le président tchadien, qui revient d'une tournée à Londres et Paris, aurait mis, selon Ndjamena, la pression sur ses homologues pour la création d'une force africaine. Le second : examiner dans quelle mesure « constituer un pôle économique, eu égard à la similitude des problèmes auxquels les cinq pays sont confrontés », notamment la sécurité alimentaire aggravée par la sécheresse, la lutte contre la pauvreté et l'analphabétisme. Les présidents nigérien et mauritanien ont lancé, il y a deux mois, un projet de création d'une compagnie de transport aérien. Selon Nouakchott, cette initiative sera proposée aux autres pays. Samedi dernier, la capitale mauritanienne a abrité une réunion ministérielle préparatoire de ce sommet qui « illustre », selon Sidi Ould Tah, le ministre des Affaires économiques et du Développement du pays hôte, la volonté des dirigeants des pays du Sahel « d'adopter une vision stratégique commune, qui tient compte des réalités de la zone et s'attelle à relever ses défis ». Outre ce sommet, deux réunions s'inscrivant dans le cadre du processus de Nouakchott sont annoncées. L'une s'ouvrira aujourd'hui à Niamey au Niger. Elle concerne les chefs des services de renseignement des pays de la région. L'autre, prévue le 19 de ce mois, toujours à Niamey, portera sur le renforcement de la coopération sécuritaire et de l'opérationnalisation de l'architecture africaine de paix et de sécurité dans la région sahélo-saharienne. La Mission de l'Union africaine pour le Mali et le Sahel présentera la stratégie de l'UA pour la région dans les domaines de la sécurité, de la gouvernance et du développement.