La Fondation Emir-Abdelkader a fêté, hier, la deuxième « Moubaya » de l'Emir qui a eu lieu le 4 février 1833 et qui constitue, selon le président de la Fondation, l'acte fondateur qui a permis la création des institutions de l'Etat algérien.C'est ce qu'a déclaré, au forum d'El Moudjahid, Mohamed-Lamine Boutaleb, descendant de l'Emir Abdelkader. Celle-ci est « plus importante » que la première « Moubaya », intervenue trois mois plus tôt, c'est-à-dire le 27 novembre 1832, qui a permis alors de proclamer l'Emir Abdelkader « chef de la résistance par les tribus combattantes », a-t-il précisé. La seconde « Moubaya » a eu lieu à la mosquée, et a permis à l'Etat de l'Emir Abdelkader de se doter d'un Conseil consultatif (Majliss Echoura), d'une justice, d'une monnaie et surtout d'une armée organisée avec une industrie d'armement qui a permis de construire des canons et de fabriquer des munitions. Pour M. Boutaleb, l'Emir Abdelkader a compris la nécessite de lancer les bases d'un Etat moderne avec ses institutions, son administration forte et sa justice qui était « sa préoccupation première », a-t-il fait savoir. Sur le plan de l'organisation administrative, l'Emir Abdelkader a divisé le pays en neufs régions qui vont s'étendre sur un vaste territoire, de Tlemcen à l'ouest, à Khenchela, à l'est du pays. M. Boutaleb raconte à ce titre une anecdote qui reflète l'influence de l'Emir Abdelkader sur plusieurs régions. Les moudjahidine, au début de la révolution, pour se faire respecter, « se réclamaient de l'armée de l'Emir », dit-il. Sur la question de l'armée, constituée de 10.000 hommes, M. Boutaleb signale qu'elle se fondait sur « une cavalerie régulière qu'il renforçait par des supplétifs levés, selon les batailles parmi les populations locales . Outre les canons récupérés sur l'ennemi, l'Emir fabriquait lui-même ses armes et munitions puisque « le premier canon fut construit à Miliana, une ville où il y avait beaucoup de gisements de minerai de fer », selon son témoignage. La deuxième « Moubaya » a été aussi une étape importante dans la construction de l'Etat de l'Emir notamment par l'organisation d'une résistance continue contre l'ennemi, alors qu'avant, les tribus menaient des actions de harcèlement et de défense tout en revenant au travail des champs ». Il faut signaler aussi que l'armée était dotée pour la première fois, de service de santé, avec des ambulances (des chars tirés par des chevaux). Cette organisation très développée « a permis à la résistance de tenir plus de 17 ans » face aux forces de Napoléon. M. Boutaleb a rendu hommage, par la même occasion, à La Casbah - à l'occasion de la journée nationale. Une Casbah qui l'a vu naître et dont la maison fut mise à la disposition des militants de la Révolution. Il regrette qu'elle « ait été abandonnée, avec certaines bâtisses déjà tombées en ruines ».