Quatre siècles après la mort de l'illustre auteur de Don Quichotte, la mairie de Madrid a décidé de financer des recherches visant à retrouver ses restes, afin de « réparer une dette très importante envers le prince des lettres en Espagne, peut-être la personnalité qui a laissé la plus profonde empreinte dans l'histoire de l'humanité », a expliqué le directeur général du Patrimoine culturel de la mairie. Publié en deux parties, en 1605 et 1615 pour leurs premières éditions, « Don Quichotte a eu un impact et une influence universels. Pour la ville de Madrid, retrouver ses restes représenterait l'un des plus importants projets culturels envisagé en ce moment. Né en 1547, près de Madrid, l'écrivain a passé les dernières années de sa vie dans un quartier du centre de la capitale espagnole, aujourd'hui rebaptisé « Barrio de las Letras », ou « Quartier des Lettres », en hommage à ses célèbres habitants : Cervantès, mais aussi Lope de Vega, et les grands rivaux littéraires du Siècle d'Or. Un quartier qui se démarquait à l'époque « par le grand nombre de membres du monde du spectacle et de la bohème, en plus d'auteurs en tous genres qui y vivaient et s'y retrouvaient », selon l'historien Fernando de Prado, qui a soumis le projet de recherche des restes de Cervantès à la mairie. L'auteur de Don Quichotte y fut enterré en avril 1616. Mais on ignore le lieu exact de sa sépulture, perdue au fil de l'histoire et des travaux d'agrandissement de cette église et du couvent attenant, aux façades de briques rouges. Pendant des années, il parut difficile de fouiller les lieux, où résident des religieuses, de creuser à l'aveuglette dans une église classée au patrimoine culturel de la ville depuis 1921. « La technologie a suffisamment avancé pour qu'on nous garantisse désormais qu'une étude faite au géo-radar puisse déterminer assez précisément où des restes humains sont enterrés », a expliqué un chercheur. Le manchot de Lépante La mairie a consacré une enveloppe de 12.000 à 14.000 euros à la première phase d'analyse historique, puis aux recherches au géo-radar, qui devraient démarrer « dans les prochaines semaines ». Les fouilles ne seront lancées que si les chercheurs parviennent à localiser des restes humains dans une zone nettement définie. Au moins deux autres personnes furent enterrées dans ces lieux, selon Fernando de Prado, qui a narré dans son rapport l'enterrement de Cervantès, après sa mort, datée du 22 ou 23 avril 1616 selon les historiens. Pour les anthropologues, le travail devrait ensuite être facile : « On nous affirme que l'on pourra déterminer de manière fiable si les restes appartiennent à Cervantès du fait des caractéristiques spéciales du personnage », surnommé « le manchot de Lépante » après avoir été blessé à la poitrine et perdu l'usage de la main gauche lors de la légendaire bataille navale de Lépante (1571). Cervantès n'avait pas pu utiliser celle-ci pendant quarante-cinq ans. Un anthropologue peut identifier ce type de lésion ostéologique qui servirait de preuve pour l'identifier.