La politique de neutralité observée jusqu'ici vis-à-vis de la Syrie n'a pas prémuni le Liban des violences du terrorisme djihadiste, très actif ces derniers mois, notamment près de la frontière syrienne. Moult fois critiquée en raison son impuissance à faire cesser les attentats à la bombe visant particulièrement ses éléments, l'armée libanaise contre-attaque. Tandis que le pays se prépare à une élection présidentielle très disputée tant par les forces politiques intérieures que sur les plans international et régional, elle annonce en grande pompe l'entrée en vigueur, depuis hier, d'un vaste plan de sécurité, en particulier dans le nord et l'est frontaliers de la Syrie frappés également par des attentats et des affrontements entre partisans et adversaires du régime du président syrien Bachar al-Assad. « L'armée sait qu'elle est aujourd'hui plus que jamais visée par le terrorisme qui veut l'empêcher d'établir l'autorité de l'Etat et de circonscrire la dissension », explique le communiqué de l'institution militaire en assurant que l'état-major « continuera de combattre et de poursuivre les terroristes et est déterminé à mettre à exécution le plan de sécurité quels qu'en soient les sacrifices ». Le Premier ministre libanais Tammam Salam a vite réagi en affirmant que les attaques contre l'armée n'affecteraient pas la décision du gouvernement de lutter contre le terrorisme. Néanmoins, la classe politique, qui a tant accusé de « passivité » l'armée, demeure divisée (principalement entre les partisans de l'Iran et de l'Arabie saoudite) et incapable de faire bloc contre le terrorisme. Quelques heures avant cette annonce, une attaque suicide contre un barrage militaire à Aarsal (est) a fait trois morts. C'est le deuxième attentat visant l'armée après celui du 22 février qui a tué deux militaires et un civil, dans l'est du pays. Un groupuscule obscur, Liwa Ahrar al-Sunna à Baalbeck (Brigade des sunnites libres), a revendiqué sur Twitter cet attentat, affirmant qu'il visait à « venger la mort du martyr Sami al-Atrache ». Des groupes extrémistes accusent l'armée libanaise de « discriminer » les sunnites appuyant la rébellion tout en fermant l'œil sur le départ de combattants du Hezbollah vers la Syrie.