Les affaires de dopage à répétition, trois pour la journée de jeudi, jettent un voile sur la réussite du cyclisme espagnol comblé par les résultats de ses coureurs mais de plus en plus soupçonné sur fond d'affaire Puerto. Quelques semaines après la chute d'Alejandro Valverde, le cas anormal du triple vainqueur du Tour Alberto Contador et les contrôles positifs d'Ezequiel Mosquera (2e de la Vuelta) et de David Garcia, relancent les doutes. Dans un contexte d'euphorie nationale, tous sports confondus (football, basket-ball, tennis, etc), le cyclisme a apporté sa part depuis deux décennies. Après Miguel Indurain, quintuple vainqueur du Tour (1991 à 1995), les Espagnols ont accumulé une série de cinq succès dans le Tour depuis 2006, même si le premier d'entre eux (Oscar Pereiro) a été acquis sur tapis vert après le déclassement de l'Américain Floyd Landis. Contador, trois fois victorieux, et Carlos Sastre, en 2008, ont été imités dans d'autres courses par Samuel Sanchez, champion olympique à Pékin, et par Alejandro Valverde, lauréat de la Vuelta 2009 et vainqueur à plusieurs reprises dans les classiques. Rien d'étonnant à ce que l'Espagne occupe la tête du classement mondial par nations, qui symbolise la force collective d'un cyclisme. En parallèle, ce performances se sont accompagnées d'une lourde suspicion.L'affaire Puerto, mise au jour en mai 2006, a projeté une brève lumière sur le problème du dopage dans l'élite du cyclisme, avant d'être refermée de facto par la justice espagnole pour ce qui concerne ses nationaux. Si les étrangers (Basso, Ullrich, Jaksche, Caruso) ont payé d'une façon ou d'une autre, le seul coureur Espagnol touché, Alejandro Valverde, l'a été à cause de l'obstination du Comité olympique italien (Coni) et par une voie parallèle. En mai dernier, c'est le Tribunal arbitral du sport (TAS) qui a sanctionné Valverde, longtemps soutenu par ses autorités nationales. D'Igor Astarloa, champion du monde 2003 tombé dans les oubliettes du cyclisme avant d'être l'une des premières victimes du passeport biologique, à Mikel Astarloza, convaincu de dopage après le Tour 2009, les Espagnols fournissent toujours un contingent de choix dans la liste des coureurs rattrapés par les autorités antidopage. Pour s'en tenir à la dernière quinzaine, Oscar Sevilla, Ezequiel Mosquera (très étonnant deuxième de la Vuelta) et David Garcia, sont tombés pour un produit lourd, l'HES, une substance utilisée par les dopeurs comme produit masquant. A plusieurs reprises, le président de la Fédération internationale, Pat McQuaid, s'est ému de cette culture du dopage qui, selon les experts, a touché jusqu'à récemment les différentes catégories. Les responsables du cyclisme espagnol, abrités derrière l'argument nationaliste, ont longtemps nié le problème. L'heure du changement est-elle venue pour le cyclisme espagnol, en proie à une crise de popularité malgré ses résultats ?