Photo : Makine F. Les Constantinois, grands et petits, étaient conviés en cette fin septembre dernier à passer un agréable moment au CCF en compagnie de deux conteurs. L'occasion pour beaucoup de redécouvrir une tradition orale malheureusement de plus en plus ignorée et négligée dans notre pays. C'est d'ailleurs le but de ce spectacle parrainé par deux associations «Ken ya Maken» de Constantine et «Arts du récit» de la ville française Grenoble. Un partenariat qui entre dans le cadre du jumelage entre les deux villes et qui est en bonne voie, car en plus de l'intervention d'un invité de marque, le conteur marocain Hamed Bouzzine, la première partie fut jouée par une conteuse locale Halima Touati qui a fasciné le public par l'histoire de «Laghloughe» qui veut à tout prix épouser sa bien-aimée Naamoune. Puis c'était le tour de Hamid Bouzzine qui, d'emblée, annonce la couleur en racontant l'histoire du coq qui adore les noisettes et d'enchaîner ensuite par «Le Moineau et le roi», le Marchand de «Fes et Djha». Et ce que l'on pouvait dire est qu'il n'y avait pas seulement les petits qui se régalaient, tout le public était conquis surtout que Bouzzine combine merveilleusement le drôle, le fantastique et l'intrigue. Désert, prairies, forêt embellissent le décor des personnages qui ne sont forcément pas des héros, sa dernière histoire a d'ailleurs cassé et renversé l'ambiance, en narrant une très courte histoire sur les «Harraga» qui fait partie de son spectacle «Folie Berbère», et qui nous raconte le périple d'un jeune marocain d'Agadir et qui finit par une chute émouvante et tragique. On flaire tout de suite le talent et le professionnalisme de ce conteur qui compte 30 années de carrière et 25 spectacles, en plus de sa toute première passion, le jazz. Très à l'aise sur scène, comique et plaisant, le rythme des histoires est accompagné de musique (piano à pouce et harpe du Niger et luth Gony), un exercice assez compliqué dans le domaine : «Peu de conteurs le font parce que contrairement à un chanteur, il faut bouger et communiquer avec le public. C'est comme une «nouba», c'est facile mais difficile en même temps», explique-t-il. Bouzzine parti en France dès l'enfance puise ses idées des traditions arabe, berbère, perse et occidentale, car pour lui le conte est universel où les frontières n'existent pas. A signaler enfin que le conte sera au centre des activités culturelles et scientifiques pour le début du mois de novembre à Constantine, du 1er au 6, aux quatre coins de la ville. Une manifestation planifiée quadruplement entre les associations «Ken ya Maken», Arts du récit et les laboratoires universitaires le Sladd (Université de Constantine) et Lire de (Université de Grenoble). Il y aura bien évidemment la participation de conteurs qui viendront d'Algérie, de France, de Belgique, du Maroc et d'Afrique noire, mais aussi la continuation du programme des ateliers de formation, et un colloque international à l'Université Mentouri. C'est en tout cas, ce que promet M. Ahmed Rais Faycel président de l'association «Ken ya Maken» qui a vu le jour en 2007, qui nous signale que dans le domaine de la formation des conteurs, une trentaine de jeunes suit une formation de qualité, qui, espère-t-il, pourra dans peu de temps régaler le public et remplir les salles de spectacles.