Photo: Makine F. Chercher un toit, même modeste, dans la capitale de l'Est est devenu un véritable casse-tête pour les simples citoyens, en particulier pour les jeunes couples mariés. Avant d'y voir clair avec les dédales administratifs, il faut d'abord trouver la perle rare si toutefois l'occasion se présente. C'est ainsi que la flambée des loyers du privé a poussé bon nombre de Constantinois d'opter pour les formules LSP (logements socio-participatifs) des promoteurs et avec l'aide de l'Etat. Mais cette option facilite-t-elle vraiment l'acquisition d'un logement pour tout le monde ? Les promotions manquent et les listes d'attente ne finissent pas de s'allonger. Pourtant, les nouvelles villes poussent comme des champignons, à l'instar de Ali Mendjeli (200 000 habitants) ou encore la ville de Massinissa (60 000 habitants), mais aussi la future ville de Aïn Abid qui, dit-on, sera cinq fois plus grande que Ali Mendjeli. Il faut donc s'armer de patience, parfois même recourir à la «maârifa» (connaissance), une pratique qui, malheureusement, se banalise de plus en plus. Les scandales quant à eux sont fréquents. La dernière histoire en date et qui a fait monter au créneau de simples citoyens (des enseignants) contre un promoteur qui a décidé d'augmenter les tarifs de vente des LSP (90 millions de centimes). Aux yeux de la loi, cela reste un délit, car les prix ne devraient pas changer. L'affaire a fait beaucoup de bruit. Car il faut le dire, cette pratique est souvent utilisée par les promoteurs qui profitent de l'argent du peuple et n'hésitent pas au cas où il y aurait un mécontentement d'annuler tout simplement les contrats de leurs clients. «Nous n'avons guère le choix que d'attendre et de payer des suppléments qui pourtant n'étaient pas mentionnés dans le contrat. J'attends la remise des clés de mon appartement depuis deux ans. Je me suis marié depuis à peine six mois, et avec ma femme on occupe la maison de ma sœur en attendant la réception de mon bien immobilier. Le pire c'est qu'à chaque fois, on nous envoie des factures pour payer de nouvelles mesures décidées sans notre aval. Ça varie entre 50 000 et 200 000 dinars et tout cela en dehors du prix initial de l'appartement», nous expliquera Nadir, un ingénieur, victime de cette procédure irrégulière. De leur côté, les responsables connaissent parfaitement ce dossier. M. Kouita, directeur du logement et des équipements publics (DLEP) de la wilaya de Constantine tout en reconnaissant qu'il y a effectivement un problème et tout en critiquant les pratiques de certains promoteurs, n'hésite pourtant pas à nous révéler que la faute reviend aux clients. «Ils achètent et avancent de l'argent sans signer de contrat, ils ne possèdent pas l'acte de vente, pourtant c'est leur droit. Du moment qu'ils payent, ils doivent obliger le promoteur à leur délivrer les documents. C'est pour cette raison qu'aux yeux de la loi, on ne peut pratiquement rien reprocher aux promoteurs», explique-t-il. LE SYSTÈME D À LA RESCOUSSE A défaut donc d'acquérir un appartement neuf, les Constantinois choisissent le système D, généralement la location en attendant des jours meilleurs. Quant aux agences immobilières qui se sont constituées ces dernier mois en une espèce de fédération régionale dans l'unique but de contester les nouvelles mesures législatives, inutile de dire que leur seule devise c'est le gain rapide. Les prix de vente ou de location des appartements sont exagérés, et le paradoxe c'est qu'ils se vendent comme des petits pains. Et cela «même si ces derniers temps, les bénéfices sont revus à la baisse», nous assure un propriétaire d'une agence arguant que les ventes ont connu une chute importante depuis quelques mois. Une chute qui est, selon lui, théoriquement inexplicable (même anormale) mais avoue tout de même qu'à cause de la montée des prix du mètre carré, les acheteurs fuient en masse et préfèrent alors louer plutôt que d'acheter. Un appartement de type F3 situé à la cité du 20-Août 1955 vaut plus de cinq millions de dinars. «C'est simple, les gens n'achètent plus comme avant, les prix sont hors de portée. Comment voulez-vous qu'un jeune couple qui gagne de 40 000 dinars puisse se permettre d'acheter une maison à quatre millions de dinars, c'est quasiment impossible, quand on sait aussi que même certains quartiers moins huppés ont vu leur cote monter en flèche», atteste un jeune homme en quête d'un appartement. En effet, cette réalité touche la majorité des jeunes couples qui sont ainsi obligés de louer en attendant mieux. Seul bémol avec la location, les propriétaires n'hésitent pas à faire grimper les mensualités. Exemple : après un an de location, le propriétaire force les occupants à re-signer le contrat avec une augmentation du bail. Une tendance qualifiée d'immorale qui est d'ailleurs en train de se généraliser pour la location des appartements et même pour celle des locaux commerciaux. Comparativement aux débuts des années 2000, les prix sont aujourd'hui nettement en augmentation proportionnelle, voire exagérée. Et ce n'est ni les prix du ciment ni des matériaux qui expliquent, à eux seuls, cela. L'affairisme et la spéculation y sont pour beaucoup. Chez nous, on appelle ces gens «smasria».