Soixante-six ans de souffrance, de malheurs, de massacres, d'apartheid, de terrorisme d'Etat, de crimes contre l'humanité, de crimes de guerre et de la plus grande injustice sur sa terre : déporter tout un peuple pour le remplacer par un autre ! Malgré ces « 66 ans », les Palestiniens poursuivent - sous occupation et sous blocus, dans les camps de réfugiés ou dans les prisons - leur combat pour recouvrer leur liberté et vivre sur leurs terres. Aujourd'hui, ils se demandent, et avec eux, l'ensemble des hommes épris de liberté et de justice, si le temps d'instaurer un Etat palestinien libre et indépendant n'est pas venu. En attendant, ils commémoreront aujourd'hui, comme chaque année à la même date, la Nakba, cet épisode douloureux dans leur mémoire. Et pour cause ! Israël, naguère poste avancé du colonialisme européen au Moyen-Orient, peut compter sur le silence de la communauté internationale pour poursuivre son nettoyage ethnique en Palestine avec son lot d'expulsions, d'expropriations des terres, de construction de colonies, y compris à Al Qods-est, et de répression. Israël, qui rejette toutes les initiatives de paix régionales et internationales, reste le seul Etat au monde à bafouer toutes les résolutions des Nations unies. Aujourd'hui, il veut s'imposer et être reconnu comme un « Etat juif », c'est-à-dire où les Arabes-Israéliens seraient des citoyens de seconde zone et les millions de Palestiniens avec leurs descendants (sur plus de 11 millions dans le monde), recensés par l'ONU en tant que réfugiés en Syrie, au Liban, en Jordanie, interdits de retour chez eux. A Ramallah, un gouvernement transitoire composé de personnalités indépendantes, sans mandat politique, est en gestation. Selon Azzam al-Ahmad, un dirigeant de Fatah qui s'est rendu hier à Ghaza pour rencontrer des dirigeants de Hamas, il doit être formé d'ici deux semaines au plus. L'Organisation de libération de la Palestine (OLP), dominée par le Fatah, et le Hamas, ont signé le 23 avril un accord pour mettre fin à la division politique depuis 2007 entre la Cisjordanie et Ghaza, respectivement gouvernées par l'Autorité palestinienne et la formation islamiste. A Londres, le secrétaire d'Etat américain John Kerry rencontrera ce matin le président Mahmoud Abbas pour discuter de la relation avec les Palestiniens, tout en laissant la porte ouverte à une conversation sur le processus de paix et à une éventuelle reprise des négociations avec Israël. Selon les observateurs, cette rencontre pourrait bien être l'ultime tentative de Kerry pour relancer les pourparlers de paix israélo-palestiniens.