Les Palestiniens ont donc décidé hier de former prochainement un gouvernement d'union nationale. Une délégation de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) a conclu dans la nuit de mardi à hier un accord avec le mouvement rival Hamas, au pouvoir à Ghaza, pour «constituer un gouvernement d'union nationale d'ici cinq semaines». Les entretiens inter-palestiniens ont porté essentiellement sur la mise en place d'un gouvernement de «consensus national», la tenue d'élections générales et la composition de la direction de l'OLP. «Un accord a été conclu sur la formation d'un gouvernement de personnalités indépendantes dirigé par le président Mahmoud Abbas d'ici cinq semaines», a indiqué en fin d'après-midi le communiqué lu par le chef du gouvernement du Hamas à Ghaza, Ismaïl Haniyeh, en présence d'une délégation de l'OLP. Aux termes de l'accord de réconciliation, le nouveau gouvernement, composé de technocrates, aura pour mission de «préparer des élections législatives et présidentielles». Il devra prêter serment devant le président Abbas et obtenir la confiance du Conseil législatif palestinien (CLP), le Parlement palestinien constitué de députés de Cisjordanie et de la bande de Ghaza. Le dirigeant de l'Autorité palestinienne, qui siège à Ramallah (Cisjordanie), «va également émettre un décret présidentiel convoquant des élections législatives et présidentielle qui auront lieu six mois après que le Parlement aura voté la confiance au gouvernement», précise le communiqué. Le Hamas et le Fatah, le principal parti de l'OLP, ont déjà signé en 2011 au Caire, un accord de réconciliation pour mettre fin à la division politique entre la bande de Ghaza et la Cisjordanie. Mais la plupart des clauses sont restées lettre morte. Vainqueur des élections législatives en 2006, le Hamas a chassé par la force le Fatah de la bande de Ghaza l'année suivante. En réaction immédiate, Israël, comme à son habitude, a mené un raid sur Ghaza à Beit Lahiya, blessant six civils palestiniens, dont un très grièvement. Un raid reconnu par l'armée sioniste et qualifié évidemment d'opération de «contre-terrorisme». Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a accusé de son côté, le président palestinien de saborder le processus de paix. Une paix qui périclite depuis les accords d'Oslo. «Au lieu de choisir la paix avec Israël, Abou Mazen (le surnom de M. Abbas) opte pour la paix avec le Hamas», a-t-il déploré ajoutant «veut-il la paix avec le Hamas ou avec Israël ? On peut avoir l'une mais pas l'autre. J'espère qu'il choisira la paix (avec Israël) mais pour l'instant ce n'est pas le cas». Côté palestinien on semble aujourd'hui conscients que l'avènement de l'Etat palestinien passe absolument par la réconciliation. Les pourparlers de paix israélo-palestiniens, relancés en juillet dernier par le chef de la diplomatie américaine John Kerry, sont dans l'impasse. Force est de constater que la énième rencontre entre négociateurs israéliens et palestiniens mardi à El Qods n'a débouché sur aucun progrès. Le président Abbas se déclare disposé à prolonger les discussions mais à condition qu'Israël relâche les prisonniers, gèle la colonisation et accepte de discuter de la délimitation des frontières du futur Etat palestinien. Le gouvernement israélien a rejeté les «conditions» palestiniennes et poursuit sa politique de colonisation avec une approbation occidentale tacite. M. S.