La dissolution du Parlement ainsi que l'amnistie générale ne figurent nullement dans l'agenda du gouvernement. Le non-retour du parti dissous est irrévocable. L'amélioration du service public sera une priorité. Le dialogue et la concertation se poursuivront alors que les acquis sociaux seront préservés. La communauté algérienne à l'étranger est appelée à contribuer au développement du pays. Tels sont les principaux axes développés par le Premier ministre dans sa réponse aux préoccupations soulevées par les membres du Conseil de la nation lors du débat sur le plan d'action du gouvernement. Sellal s'est attardé sur la consolidation, la poursuite du dialogue et la concertation nationale. L'objectif principal fixé par le gouvernement, souligne-t-il, est la construction d'« une démocratie sereine et participative », loin de tous ce qui est « arbitraire ». Le gouvernement, a-t-il précisé, est déterminé à consacrer le processus de dialogue et de concertation dans un cadre respectueux auquel toutes les forces peuvent y participer et échanger leurs avis. A cette occasion, Sellal a rappelé l'inutilité de la « transition démocratique » à laquelle œuvrent certaines formations de l'opposition. « A quoi bon une transition ? On transite vers où ? », s'est-il interrogé, en estimant qu'il faut plutôt aller de l'avant et construire un Etat moderne basé sur le savoir et les connaissances. « Nous voulons œuvrer ensemble pour l'amélioration de la gouvernance et des prestations de service public », a-t-il affirmé. Sellal a tenu à donner une précision qui selon lui est de taille : « Il ne faut pas oublier que le peuple algérien a redonné sa confiance au président de la République Abdelaziz Bouteflika et a voté pour son programme. » Reste que pour lui, les portes du dialogue, y compris avec l'opposition, sont ouvertes. « Tout le monde est le bienvenu pour dialoguer avec l'espoir de s'entendre au moins sur les grands principes », a-t-il indiqué. Et d'enchaîner : « Nous sommes en 2014, et l'Algérie n'est pas en éternelle transition. » Cette question a été tranchée par la loi sur les partis, a rappelé le Premier ministre. Et si certains cadres du parti dissous ont été invités à participer aux consultations sur la révision de la Constitution, c'est parce que « le Président refuse toute démarche d'exclusion ». Le chef de l'Exécutif a tenu à préciser que ces derniers ont été invités en tant que personne et non comme représentants du parti dissous. Lors d'une conférence de presse, le Premier ministre a fait savoir que la question de la dissolution du Parlement relève des prérogatives du président de la République. En outre, « cette question n'est pas dans l'agenda du gouvernement », a-t-il signalé. Idem pour l'amnistie générale. Catégorique, Sellal a précisé : « Quand nous avons dit que la réconciliation nationale s'inscrivait dans le temps, nous n'avions jamais parlé d'amnistie générale. » Tout en soulignant que la réconciliation nationale est « une question cilivisationnelle », il a fait observer que les objectifs qui lui ont été assignés n'ont pas été tous atteints. De ce fait, il dira que le gouvernement corrigera les défaillances dans l'application de ce projet. Dans ce cadre, il a indiqué que la réconciliation nationale « touchera les victimes de toutes les tragédies nationales, à commencer par les événements de 1963 ». Interrogé sur la non-parution de certains journaux, le Premier ministre a répondu qu'il ne peut se prononcer sur la question faute d'information sur cette affaire. « Ce qui est sûr, c'est que nous ne toucherons jamais à la liberté de la presse », a-t-il déclaré. Au sujet d'une éventuelle révision des codes communal et de wilaya, il a affirmé que s'il y a lieu de revoir ces textes, le gouvernement n'y voit pas d'inconvénients. Il a, cependant, fait observer que certains assemblées élues n'assument pas leurs responsabilités, citant, à titre d'exemple, les problèmes enregistrés en matière de distribution de logements sociaux. Sur la lancée, le Premier ministre a assuré que la crise du logement sera résolue en 2019/2020. C'est sur instruction du chef de l'Etat que Sellal se déplacera bientôt à Ghardaïa. « Nous irons pour trouver des solutions définitives au conflit », s'est-il engagé. Les deux communautés seront réunies dans un « cadre serein » pour trouver ensemble les solutions adéquates. « Il est inconcevable que ce conflit perdure. Nous sommes tous algériens et nos langues sont l'arabe et tamazight », a-t-il dit soulignant que l'unité nationale « est une ligne rouge à ne pas franchir ». Sur le plan économique, le Premier ministre a écarté toute idée d'un « libéralisme sauvage ». Il a mis en avant les efforts à consentir pour soutenir les acquis sociaux réalisés, notamment en matière de logement, de santé et de lutte contre le chômage. Selon lui, le gouvernement œuvre à bâtir une économie forte basée sur le savoir et la connaissance. D'où la nécessité de moderniser l'école et l'enseignement supérieur. Le Premier ministre a affiché la volonté du gouvernement à développer l'agro-industrie et à encourager les investissements, notamment en matière d'octroi de crédits. « L'administration ne doit plus intervenir dans la gestion de l'économie nationale. Son rôle se limite au contrôle », dira-t-il. Ce qui est irrévocable pour Sellal, c'est le non- retour sur la règle 51/49 concernant les investissements étrangers. « Nous sommes d'accord pour introduire des facilitations mais en ce qui concerne l'investissement, nous ne reviendrons plus sur la règle 51/49 », a-t-il rappelé. Le niet est tout aussi catégorique pour ce qui est d'une levée du droit de préemption. Sellal a informé que prochainement, le gouvernement présentera le plan quinquennal 2015-2019 au Parlement. Concernant l'exploitation du gaz de schiste, le Premier ministre a annoncé qu'un colloque international aura lieu prochainement sur le sujet. « Même si la loi est adoptée, nous organiserons des rencontres pour répondre aux questionnements des uns et des autres et lever les ambiguïtés », a-t-il précisé. Dans ce cadre, il a indiqué qu'un programme de formation de la ressource humaine est envisagé. Tout en indiquant que les jeunes du Sud seront favorisés, Sellal dira que l'exploitation du gaz de schiste crée dix fois plus d'emplois par rapport au gaz conventionnel. Le plan d'action du gouvernent vise également l'amélioration du service public. « C'est ce qui nous permettra de bâtir un Etat moderne », a-t-il dit, avant d'ajouter : « nous poursuivrons toutes les actions menées dans ce sens ». Il a expliqué que les deux administrations de la Fonction publique et de la réforme administrative ont été rassemblées pour mener à bien cette mission considérée par le Premier ministre « comme une affaire décisive pour le gouvernement ». Le gouvernement a appelé l'élite algérienne établie à l'étranger à contribuer au développement du pays et à faire bénéficier les Algériens de leurs connaissances. Ainsi, le ministère de l'Enseignement supérieur a été instruit pour prendre attache avec les expatriés. Sellal a affirmé que d'une manière générale, le gouvernement s'engage à prendre en charge les préoccupations de la communauté algérienne établie à l'étranger. Ainsi, des mesures ont été prises pour faciliter le transfert des dépouilles mortelles. Des accords ont été conclus avec Air Algérie et Tassili Airlines pour introduire des baisses des tarifs des billets à partir du 22 juin et d'envisager des vols en charter. Sellal a exclu toute intervention de l'Armée nationale populaire dans des pays voisins. « Nous ne nous immisçons pas dans les affaires d'autrui, nous apportons néanmoins notre aide aux pays voisins et amis autant que possible », a-t-il soutenu, précisant que « nous n'intervenons pas militairement en dehors des frontières algériennes car cela est contraire aux principes et traditions de l'Etat algérien ». Avant de conclure que « tant que le président de la République est là, l'armée nationale n'interviendra pas en dehors des frontières ».