Lors d'une rencontre sur le thème « Violences sexuelles faites aux femmes », l'avocate Fatma Zohra Benbraham a insisté sur la nécessité de revoir les textes juridiques datant de l'époque coloniale et qui « ne définissent pas clairement » l'acte de viol. A ce sujet, elle a estimé que les actes sexuels « contre-nature » devraient être considérés également comme des viols. Considérant le viol comme « un crime passible d'une peine d'emprisonnement variant entre 5 à 8 ans », l'intervenante a relevé que certains magistrats proposaient aux agresseurs d'épouser leurs victimes pour échapper à la prison, qualifiant cette démarche « d'aberrante » et « d'inconcevable ». De son côté, le Dr Fatima Miloudi, spécialiste en médecine légale, a expliqué que « la matérialité des faits devrait être établie par un médecin légiste ». Sur ce point, elle a noté que les atteintes sexuelles faites aux femmes étaient de véritables « urgences médicales », recommandant la création d'une unité de « victimologie »au niveau de tous les centres de soins. S'agissant du rôle de la société, la sociologue Fatma Oussedik a estimé que de « nombreux tabous » subsistaient encore en Algérie, considérant qu'il était temps de « changer les mentalités » afin de soutenir les femmes « meurtries et touchées dans leur dignité ». Pour aider les femmes à porter plainte contre ce genre de violences, la présidente du réseau Wassila, Dalila Iamarène, a insisté sur l'importance de l'accueil et de l'écoute des victimes par les services des corps de sécurité (gendarmerie, police...) ainsi qu'au niveau des centres hospitaliers. Les familles des victimes « doivent également jouer leur rôle de soutien et d'accompagnement et non pas culpabiliser les victimes », a-t-elle recommandé. Dans le même ordre d'idées, la présidente de l'association El Baraka de soutien aux personnes handicapées, Flora Boubergout, a rappelé que les associations pouvaient se constituer partie civile et dénoncer les actes de violence envers les femmes. Elle a également appelé à la formation d'assistantes sociales qui « doivent accomplir leur travail avec abnégation en se déplaçant chez les familles pour constater les faits ».